Le fond du baril

Elli n’était pas amoureux de qui que ce soit et cela l’agaçait peut-être plus qu’Elbereth elle-même. Il ne l’avait jamais été d’ailleurs et restait toujours froid quand une relation débutait. Il n’aurait jamais dit qu’il était amoureux s’il avait été dans son état normal. La plupart du temps tout ce qui l’intéressait c’était quelques pièces d’argent, la bière et les informations qu’il pouvait tirer de son public à propos de son frère. Et de temps en temps quand ses poches étaient bien plus pleines qu’aujourd’hui, il se payait une catin pas trop godiche pour lui tenir compagnie. Il se retrouvait souvent seul à la fin de ses soirées et n’espérait pas moins qu’un peu de chaleur et quelqu’un qui lui dirait tout ce qu’il voulait entendre sans qu’il y ait le moindre lendemain.

Il  n’en espérait pas autant d’Elbereth qui semblait maintenant ranger ses affaires pour l’accompagne à Shamar et retrouver leur despote tyrannique qu’était Varsen. Elle était pourtant si bienveillante envers lui sans même exiger quoi que ce soit en retour. Si jeune et cependant si vieille en même temps. Elli la jugeait de par son attitude, quoi qu’elle ne soit pas si mal tombée avec lui. Si elle agissait ainsi avec tous ceux qu’elle rencontrait ou même une fraction de ceux-ci, on la tromperait bien vite pour profiter d’elle. Ou alors on interprèterait mal ce qu’elle voulait et on en tirerait profit. De son esprit protecteur, Elli voulut à son tour lui rendre la pareille, l’accompagner du mieux qu’il pouvait pour la protéger de ce qu’il voyait comme de la naïveté, mais aussi des mécréants sans scrupule du monde d’aujourd’hui.

Le jeune homme s’essuya la bouche du revers de sa manche, il allait mieux maintenant. Il allait mieux, mais à l’odeur, il lui fallait prendre un bain et laver ses vêtements avant de quitter Shamar. Il n’osait même pas imaginer ce que présumait la jeune femme maintenant qu’il se retrouvait lui-même face à cette réalité crade et odorante de sa personne.
-Tout à l’heure quand je me suis réveillé… Je ne voulais pas…
Il laissa sa phrase en suspend. Elle comprendrait sans doute ce qu’il voulait dire. Ils prirent le chemin du retour sans trop se hâter. Elli était encore bien faible malgré ce qu’il voulait exprimer.

" Ne t'inquiète pas je ne suis pas idiote "

Je ne pouvait pas être plus claire, je n'avait pas besoin d'explication et il n'était de toute manière pas en état de m'en fournir. Le reste du court voyage ce fit en silence . J'avais installer mon campement de fortune au plus proche afin de pouvoir rejoindre Elli en cas d'urgence , j’espérais cependant qu'il ne s'en rendrais pas compte . Cette fausse déclaration m'avait fait prendre conscience que j'en avait peut être trop fait... mais je ne sais pas si j'était capable de faire autrement . Aider les autres était instinctif chez moi, je ne supportais pas la souffrance et je ne pouvais laisser faire alors que je me savait capable de la calmer .

Nous fûmes rapidement chez Roberta, ne voyant pas Varsen dans la salle principal je lui demandais de nous monter de quoi manger et se laver dans la chambre pour que nous puissions nous y retirer tout de suite et grappiller un peu de sommeil.

"C'est celle au fond du couloir à droite " fut la seule réponse que j'eu.

Je compris rapidement que je n'avais plus le privilège de ma chambre de soignante, si Elli mourrais maintenant elle ne se sentirai pas coupable . Je lui glissais quelques pièces pour être sur d'avoir ce que je demandais et tira Elli dans sa chambre sans attendre grand chose de sa part .

La chambre était bien plus petite que la dernière que j'avais occuper ici et ne contenait qu'un petit lit. Comme si le destin se riait de mes appréhensions . Soit... nous n'avions pas le choix de toute manière.

Le seau d'eau chaude et le savon fût rapidement amener, ne disposant d'aucune intimité je m'allongeais sur le lit, le dos tourner vers le mur pour laisser Elli se laver en paix. Je m'endormie rapidement , mes dons me fatiguait beaucoup et je recuperais cette énergie dès que possible .

L'attente paraissait interminable. Et rester assis dans une taverne seul, sans même savoir quand son compagnon reviendrai, incommodait fortement Sparda. C'est là qu'un vagabond fit son entrée. Sa tenue, tachée de sang, ainsi que son visage ne lui dirent rien qui vaille. Cependant, il semblait polit et discret. Après un moment d'attente, celui-ci revint de sa chambrée, proprement changé, et lavé. Son visage, bien que popre à présent, n'en restait pas moins étrange : livide, fatigué, résolu.
L'homme prit la parole.

"Vous aussi vous avez rendez-vous?"

Sparda ne pu retenir un sourire. Il leva a son tour sa choppe, puis se leva pour aller près de son interlocuteur. Godet en main gauche, il lui tendit amicalement la main droite.

"Sparda Var Amicitia, ravi de vous rencontrer ! Effectivement, j'attends un des mes clients. Voyez vous, je suis forgeron à la porte Sud de la ville. Il est venu à moi, et m'a passé commande. Le bougre veut de l'acier Minien, et ça, je ne peux guère m'en procurer ici ! Nous étions censé nous retrouver ici afin d'aller quérir le minerai...Et vous, quel bon vent  vous amène ici?"

Sparda s'efforçait d'être amical avec tout le monde, de rendre service. S'il n'avait pas voué sa vie à faire changer le monde, il pouvait au moins s'efforcer de changer son petit monde, en mieux. Ce n'était pas un visage effrayant, un homme titubant, ou encore une race différente qui allait changer cela. De même que le mensonge ou la cachotterie n'étaient pas dans ses habitudes.

Ne voulant pas paraître rustre et ne voyant aucune raison de refuser un peu d'amabilité, ce qui le changeait réellement de ses discussions avec Sal'gan, Detlev serra la main qu'on lui tendait sans attendre. Il fut bien surpris de la poigne solide qu'on lui proposait mais entendit en même temps l'homme se présenter comme étant un forgeron.
La raison pour laquelle un forgeron allait porter une tenue de fantassin lui échappait un peu, mais la poigne corroborait ses dires : si un guerrier avait besoin de muscles et de réflexes pour se battre, le travail de la forge semblait plus à même de fournir une poigne capable de réduire un pavé en poussière.

Le guerrier indiqua une chaise de la main, enjoignant son interlocuteur à s’assoir s'il le désirait avec un sourire aussi chaleureux qu'il le pouvait, bien conscient que compte tenu de son apparence, il y avait de forte chance qu'il ressemble plutôt au sourire carnassier d'un animal devant sa proie.
"Je me nomme Detlev. J'ai été un temps dans l'armée, avant de me rendre compte que ce travail là pourrait bien me tuer. Je me suis ensuite redirigé vers des arènes clandestines, où le danger restait le même, mais au moins le nombre de personnes pouvant en faire une réalité était moindre. Et lorsque j'ai enfin pu, j'ai acheté mon armure et mon épée et je suis aujourd'hui une épée à louer."

L'histoire était majoritairement vraie. La principale différence était qu'il n'était pas parti parce que la possibilité s'était présentée, mais parce que la nécessité s'était faite ressentir. C'était dans l'arène que le démon s'était manifesté à lui. Il était dans une mauvaise passe à ce moment et une voix sifflante dans sa tête lui avait demandé s'il comptait mourir ce jour-ci. Il avait bien évidemment accepté la puissance offerte par l'entité, sans réellement comprendre à quoi il s'engageait mais déterminé à survivre et avait terminé le combat de manière spectaculaire et sanglante. Après ça, le publique se méfiait de lui, quand ils ne le soupçonnaient pas ouvertement d'être quelque chose d'inavouable.
Il n'avait appris que plus tard que la pierre sur l'anneau qu'il avait au doigt était en réalité habité d'un fragment de la puissance de Sal'gan, qui lui avait donc permis de passer un pacte avec lui et recevoir sa puissance corruptrice.

Se remémorant ces événements, Detlev se rendit compte qu'il avait retiré l'anneau de sa phalange et le faisait pensivement tourné dans sa main.
"Je viens d'avoir une idée. Voyez-vous, la raison de mon apparence... regrettable, lorsque je suis arrivé est que j'ai été attaqué par des bandits sur la route. J'ai su me défendre et leur faire peur, mais ils sont toujours à même de sévir sur la route, sans parler du fait que ce ne sont certainement pas le seuls dangers qui peuvent guetter un artisan et son client. Que diriez-vous d'un compagnon de route le temps d'aller jusqu'à Minia? Après tout, il serait dommage que vous arriviez à destination pour acheter du bon acier mais soyez blessé et ne puissiez pas le travailler."

Detlev, montrant sa bague qui n'était qu'un simple anneau à peine circulaire en acier dans lequel le joyaux maudit était encastré plus que serti, ajouta :

"En guise de salaire, , vous pourriez peut-être extraire la pierre de mon anneau et la sertir réellement dans un véritable anneau. Mais je dois demander à ce que vous fassiez particulièrement attention au joyau : c'est un... cadeau de mon instructeur."

Enfin un interlocuteur "normal". Sparda écouta attentivement son histoire, ainsi que sa proposition : il lui proposait sa protection, en échange du façonnage d'un anneau...Jusque là, rien d'extraordinaire. Cependant, quelque chose piqué la fierté du Forgeron. Une protection ? Vraiment? Sparda, fils du Bouclier du Roi ? Il ne laissa rien paraître, et repris la parole.

"Vous savez, je ne suis qu'un invité dans ce voyage, je ne décide de rien, mais la compagnie d'un bon gars comme vous n'est pas offre que je pourrais refuser ! En attendant que mon client revienne, que diriez vous de m'accompagner dans ma chambre ? J'ai quelque chose qui pourrait piquer votre curiosité."

Il se leva, toujours en tenant sa choppe de lait, et monta dans sa chambre, grande ouverte, suivi de son interlocuteur. Il faisait bien attention de ne rien faire de vexant, ou qui pourrait paraître louche. Deux homme montant dans une chambre...
Arrivé dans la chambre, Sparda posa la choppe sur une petite table de bois, et se mit a farfouiller dans son énorme sac. Il faisait dos à Detlev, et prenais bien soin de cacher au maximum ce qu'il faisait. A trois reprises, un claquement de cuir se fit entendre. Sparda se releva, et se tourna, un grand sourire au lèvres.

"Vous parliez de protection ?"

Il portait a présent, sur son bras droit, un immense pavois, qui lui allait des épaules à la moitié des mollets. Composé d'un centre couleur acier, et d'une bordures richement décorée, il semblait peser une tonne. La bordure du bouclier était légèrement dorée : c'était un savant travail de l'acier, réchauffé à une certaine température après le trempage, qui avait permis cette coloration.

Elli se déshabilla et demanda à Roberta si elle pouvait bien faire le lavage pendant qu’il se lavait en échange que quelques pièces. Après tout, elle ne s’était toujours pas excusée pour son coup à la tête et elle lui devait bien encore une petite faveur avant qu’ils ne quittent la ville. La naine resta un peu surprise de se retrouver face à un homme nu, voir un peu amusée puis elle accepta l’argent tout en fixant son engin, qui pour une naine devait être assez impressionnant. Elli referma la porte. Il était bien à l’aise avec son corps et la nudité pour lui ne le gênait pas beaucoup. Pas qu’il fut aussi équipé qu’un étalon, mais les catins lui disaient souvent qu’il ne donnait pas sa place. Elles en avaient généralement pour leur argent.
Il prit son temps pour se laver car Elbereth dormait et Roberta ne revenait toujours pas. Il avait sommeil lui aussi, mais il n’allait quand même pas courir nu dans toute l’auberge pour retrouver son linge. Il décida de s’installer doucement sur le petit lit de camp à côté de la jeune femme, en espérant que Roberta revienne avant qu’elle ne se réveille. Il avait beau être à l’aise avec sa nudité, il ne voulait pas non plus qu’Elbereth se fasse de fausses idées. Il ferma à peine les yeux qu’il s’endormit, laissant à l’air son membre.

Detlev ne pu réprimer un sifflement admiratif devant le pavois.

"Je vous présente mes excuses, messire Sparda. Je vous avais pris pour un simple artisan, mais il est manifeste que j'ai affaire à quelqu'un de plus complexe qu'il n'y parait au premier coup d’œil.
Ceci étant, ma proposition tient toujours. Un pavois, même de haute qualité et dans des mains expertes, ne peut vous protéger que dans un sens. Je serais heureux d'être dos à dos avec vous pour palier à cette lacune, contre le sertissage du joyaux de mon instructeur dans un anneau digne de ce nom."

Detlev tourna les talons après un dernier coup d’œil admiratif avant de s’arrêter dans l'embrasement de la porte et de lancer vers le forgeron :

"J'espère réellement que nous pourrons conclure une telle affaire. J'aimerais pouvoir m'entrainer un peu avec vous. Je n'ai pas combattu un adversaire armé ne serait-ce que d'un bouclier depuis trop longtemps."

Le guerrier retourna finir son verre qu'il avait laissé derrière lui tandis que Sal'gan se manifestait à nouveau pour le narguer. Detlev n'y fit même pas attention. Il n'avait envie que d'une chose, que cette mission commence rapidement pour qu'elle se termine tout aussi rapidement. Ce forgeron avait l'air d'être quelqu'un de sympathique et il n'avait pas envie de s'attacher. Ça ne rendrait son inévitable corruption que plus compliquée.

(Je change pour écrire à la troisième personne pour mieux décrire l’environnement et l’histoire, mais aussi parce que ce sera plus facile d’écrire vu le personnage)
Varsen voulu descendre à la salle à manger sans plus attendre car il avait une de ces faims. Il croisa Roberta sur le chemin et lui demanda simplement si elle avait vu Elli et son idiote de groupie qui veillait sur lui. Il n’avait pas envie d’attendre toute la journée après eux et il devait savoir si le jeunot avait déserté son équipe. Il ne fallut pas longtemps pour rejoindre leur chambre dont la porte avait été mal fermée. Comme elle était entrouverte Varsen se permit de l’ouvrir à la volée. Les vêtements d’Elli étaient pliés à côté de la porte et lui était flambant nu couché à côté d’Elbereth. Non, mais quelle idiote elle faisait de s’enticher d’un pauvre mec comme lui. Quoi qu’il en soit, les deux furent pris d’une certaine panique et la situation ne manqua pas de faire sourire Varsen pour une de ces rares fois. Ce dernier lança les vêtements à Elli et lui ordonna de le rejoindre immédiatement au bar.
Le chef quasi incontesté de ce curieux groupe de voyageurs descendit pour s’apercevoir que Sparda était déjà là en train de parler à un inconnu. Varsen s’approcha de lui et le félicita d’être aussi ponctuel comparé aux autres qui ne semblaient pas prendre au sérieux l’importance du travail qu’il leur confiait.

C'est l'arrivé en fanfare de Varsen qui réveilla me réveilla. De peur je me redressait à la seconde on j’entendis la porte s'ouvrir brusquement. Elli eu la même réaction que moi, c'était déjà rassurant de le voir réactif.
Je ne compris qu'il était nu que quand Varsen lui jetât ces vêtements, par réflexe je m'écartait autant que possible.

" Mais tu est nu !" c'était sorti tous seul... Je ne comprenait pas pourquoi il avait choisis de dormir ainsi alors que je m'était allongé entièrement habillé, le message était pourtant clair !

D'un autre coté je ne comprenait pas pourquoi il avait dormi ainsi mais sans même essayé de me toucher, cela n'avait aucun sens . Je n'avait pas trop le temps de cogiter , Varsen nous attendait pour partir. Mais au moins la prochaine nuit serait surement dans les arbres avec mon hamac et ma fourrure ... Je n'avais pas trop appréciée la surprise.

Elli fut quelque peu gêné de la situation quoi qu’il n’en aurait pas fait tout un plat si Elbereth n’en avait pas fait de cas elle non plus. Pour une fois, il put s’expliquer sans perdre ses mots ou dire n’importe quoi.
‘’-Je ne veux pas que tu te fâches. Roberta était partie laver les seuls vêtements que j’avais avec moi. Comme elle ne revenait pas je me suis étendu en essayant d’être discret, mais je ne voulais pas nécessairement m’endormir ainsi… La fatigue a pris le dessus.’’ Étant donné qu’Elbereth le tutoyait maintenant, il en fit de même.
Comme Elli parlait, il se rendit compte qu’il était encore nu et que ça gênait Elbereth. Eh bien, à moins que ça ne lui fasse de l’effet, il ne comprenait toujours pas pourquoi tout le monde s’en faisait autant avec la nudité. Il remit ses vêtements que Roberta avait vraisemblablement replacés là sans les réveiller.
‘’-Je sais que je ne parle pas beaucoup pour un conteur. Je comprends que ça soit un peu étrange aussi, mais sois tranquille, je ne suis pas là pour te chercher des noises. Je ne te retiens pas non plus, je me sens mal de te faire subir mon état et si tu veux en discuter… Je suis prêt à le faire.’’
Elli n’aimait pas parler de sa vie en général. Tous ses problèmes ne devaient pas en incomber les autres… Mais il ne savait trop vers qui se tourner pour le soulager de son fardeau. Finalement ils prirent la direction des escaliers et rejoignirent Varsen qui était déjà en pleine discussion avec le forgeron et un autre homme.

Je n'avait encore jamais vu d'homme nu avant Elli, du moins en dehors de quelques saoulards débraillé qui traînait dans les caniveau surement car ils ne pouvait plus se refroquer après s’être soulagés d'une manière ou du autre ...
Heureusement Elli n'avait pas grand chose à voir avec eux, il tenait debout et s'exprimait correctement .

Je compris ces justifications , il n'en restait pas moins que ça nudité me gênait, je ne savait ou regarder pour ne pas être malpolie ou lui donné de fausses pensées . J'entendis les mots qu'ils prononçât ensuite mais ne pris pas la peine de répondre. Il n'avait pas encore compris que rien ne me forçait à les suivre et ce n'était pas le moment de faire réellement connaissance, Varsen nous attendait et je n'avait pas envie de supporter sa mauvaise humeur .

Nous descendîmes aussi vite que possible pour retrouver Varsen et le forgeron qui parlait avec un autre homme . Je me demandait si nous avions ou nous un autres voyageurs à nos cotés et commençait à penser qu'une femme de plus ne serait pas de trop, j'allait me sentir bien seule les prochains jours .

" Nous sommes prêt à partir quand vous le souhaitez "

Sparda présenta ce Valkiev ou Vulviev au reste du groupe. Son nom ressemblait à ‘’vulve’’ ou encore à ''petites lèvres'', Varsen en était convaincu. Ce dernier était quelque peu embêté par cette rencontre des plus inappropriée et incertaine.  Sparda semblait bien s’entendre avec lui, mais ne le connaissait pas plus que lui. C’était une drôle de coïncidence si c’en était une que de se faire proposer les services d’un mercenaire sans la moindre pièce d’or  en retour. La demande semblait intéressante, étant donné que ce serait Sparda qui règlerait les comptes, mais l’alcoolique en chef devait protéger ses arrières et il ne savait pas trop comment faire pour le moment. Puis une idée lui vint naturellement pour utiliser le gaillard au maximum dans ses propres machinations et s’assurer une sécurité en cas de problème. Une magouille simple et si bien conçue qu’il serait quasi impossible de ne pas voir le jeu de la nouvelle recrue si c’était un imposteur. Et dans le cas contraire, sa majesté la tyrannie en personne venait de gagner un joueur qui pouvait se révéler important voir crucial le moment venu.
Varsen utilisait beaucoup ces mots ces temps-ci bien que ce soit en pensées la plupart du temps. Le moment venu par ci, le moment venu par là. Il devenait le dieu de la discorde, du complot et du mensonge. Il s’en félicita intérieurement et un petit sourire traversa son visage l’espace d’un moment. Personne ne pouvait rivaliser avec lui lorsque venait le temps de bluffer ses subalternes. Son égo monta d’un coup et il serra la main de son nouveau pantin en lui souhaitant la bienvenue.
Lorsque tout le monde fut prêt à partir, ils quittèrent Shamar d’un pas déterminé vers ce qu’on appellerait le ‘’Nouveau Jour’’.

Alors que la nuit tombait, le petit groupe s’arrêta pour monter un camp de fortune non loin de la route de toute façon peu achalandée. Un endroit désert où les sapins, les pins et les autres conifères commençaient à se faire rares, laissant plutôt place à de jeune feuillus qui peinaient à faire éclore leurs bourgeons dû au climat nordique encore frisquet à ce temps-ci de l’année. Une mince couche de brume envahissait le terrain lentement alors que les dernières lueurs du jour se faisaient engloutir par la torpeur de la nuit. Le campement promptement monté et le feu allumé, Varsen sortit rapidement quelques remèdes et boissons alcoolisés pouvant le satisfaire à cette heure avancée de la soirée.
Elli prit la main d’Elbereth, mais ce fut pour l’entraîner un peu à l’écart. Si Sparda lui inspirait confiance, il en était toute autrement pour Varsen et leur nouveau complice.
-Que dirais-tu de monter notre camp un peu plus loin? Chuchota-t-il à son oreille
Devant le regard affirmatif de celle qu’il croyait être sa protégée, le duo marcha jusqu’à être hors de portée du regard et de l’ouïe du reste du groupe. Elbereth savait y faire avec les campements et le leur fut monté en moins de deux. Quant au jeune homme, il alluma un feu qui peina à s’allumer. Elli s’assit près du feu pendant que sa compagne s’affairait encore non loin de là, quand un visage immonde apparut au milieu des flammes.

Le conteur tomba à la renverse et chercha du regard et avec insistance, sa compère qu’il ne trouva pas. Tout autour de lui semblait dans le néant complet hormis le feu qui s’éteignit d’un coup. Une profonde et horrible noirceur envahit la vision maintenant inexistante du conteur dépassé par les évènements. Des bruissements auparavant lointains semblaient se rapprocher de lui. Il entendait des craquements de toutes parts et une respiration rauque et féroce semblait le rejoindre. Tout à coup plus un aucun bruit…
-Ça va? Dit Elbereth en posant une main sur son épaule
Elli poussa un cri. Il sursauta autant qu’aurait pu le faire une proie qui venait de remarquer son prédateur dans l’ombre alors qu’il était trop tard pour elle…
-Je suis désolé, dit-il en essayant de se ressaisir. Je n’ai pas réussis à allumer le feu, renchérit-il avec un ton complètement désemparé.
Il reprit ses esprits. Alors qu’elle avait encore une main sur son épaule, l’envie de tout lui dire atteignit son paroxysme.
-Elbereth je…
Il déballa toute son histoire à partir du moment où Roberta lui avait porté son coup à la tête. Il mentionna même son frère qu’il recherchait et Varsen qui le retardait immensément alors qu’il était sur le point d’avoir l’information qu’il cherchait chez Roberta avant d’être entraîné malgré lui dans cette histoire.

Une fois le campement installé, Varsen sortit quelques bouteilles subtilisées préalablement à l’auberge de Roberta ainsi qu’un mélange de drogues de son cru qu’il enfourna dans sa pipe. Un mélange de cocaïne, de cannabis et d’opium qu’il calibra à la perfection pour faire parler toutes personnes n’ayant pas l’habitude des drogues. Le nouveau avait l’air aussi perdu qu’un junkie en manque d’héroïne et Varsen voulait de tout cœur qu’il accepte le mélange exotique qu’il venait de concocter devant lui. Monsieur Vulve-aux-petites-lèvres sembla hésiter un instant, mais prit malgré tout une inspiration considérable dans le fléaux-révélateur qu’était ainsi baptisé le mélange de stupéfiants de Varsen. Sparda quant à lui, refusa un peu trop poliment le remède de vérité.  De toute façon il avait déjà gagné la confiance du groupe sans trop s’en rendre compte et Varsen lui en offrait par politesse. Ce n’était pas à lui que s’adressait le questionnement du  maître du jeu. Varsen prit la parole après quelques instants qui laissèrent à la drogue le temps d’agir :
-Alors le voyage ne vous incombe pas trop? Vous venez d’où? Que faites-vous ici? Quels sont vos objectifs? Pourquoi souhaitez-vous nous accompagner?
Si cela paraissait être un interrogatoire milicien en règles, Varsen laissait le temps à l’individu de répondre à chaque question avant de poser la suivante.

Je fut assez surprise qu'Elli me propose de faire camps à part, lui qui suivait Varsen sans rien dire en général . Mais cela m'arrangeais bien de m'éloigner des trois autres hommes, je n'aimais pas forcément leur façon de faire passer les soirées et je savait Elli plutôt respectueux. Malgré ces quelques impudeurs ils n'a jamais tenter quoi que ce soit de déplacé malgré les moments que nous avont passer seul dans une chambre ou un bois .

Je montait le camp rapidement sans trop lui demander de l'aide, j'avais l'habitude. Je finissait pas mon hamac pendant qu'Elli tentait de faire du feu.
Je le retrouvait perdu dans ces pensées.

"Ca va ? " Dis je en lui posant une main sur l'épaule . J'ai du le surprendre car il cria tout à coup .

Puis ne me laissant pas le temps d’allumer le feu il commença un long monologue, m'exposant sa vie en général et plus particulièrement ces trois derniers jours .
Je ne savait que penser de ces hallucinations, elles semblaient de plus en plus présentes alors que son états, en dehors d'elles s'améliorait . Peut être que le coup de Roberta avait réveiller quelque chose en lui qu'il avait depuis longtemps. Ou était-ce ma présence ou celle de Varsen qui attirait le mauvais oeil ?

"Je ne sait quoi te dire pour tes visions. A vrai dire j'ai peur que ma présence les causes, il n'y a pas que le coup de Roberta qui coïncide avec leur arriver , ma présence et celle de Varsen également ..."

Mais autre chose me tenait plus à cœur.

" Je ne comprend toujours pas pourquoi tu suis Varsen. Selon toi tu à une dette envers lui parce que tu lui à fait perdre son forgeron mais il à trouver Sparda en moins d'une journée, il avait déjà ce plan de secours pour trouver un grand forgeron dans une forge de paysan .
Et de plus j'ai vu toute la drogue que Roberta lui à fournis pour te soigner, hors tu n'en à pris qu'une fois il me semble, et il ne sait pas empresser de la rendre. Je pense qu'il y en avait largement assez pour rembourser un contretemps d'une journée . "

La quête de Varsen ne m'intéressait pas le moins du monde , et je n'avais aucune confiance en lui ou les deux autres.

" Rechercher ton frère me semble beaucoup plus juste et ne devrait pas souffrir de retard pour une erreur que tu à commise, et qui ne visait pas Varsen de plus . Maintenant toi seul peut décider, je m'engage juste à te suivre pour t'aider avec tes douleurs et tes visions au moins le temps que je n'ai rien de mieux à faire. A condition que tu continue a rester un homme bien, tes erreurs passées et actuelles de font pas de toi un monstre. "

Sur ceux je fini de réveiller le feu ... laissant le temps à Elli de réfléchir à tout ça.

Lorsque Detlev avait rencontré le dénommé Varsen, le démon s'était soudainement agité dans sa tête, à tel point que le guerrier s'était senti prit de vertiges, l'agitation de l'entité millénaire semblant se véhiculer d'une manière ou d'une autre à son élu. Le sentiment était étrange, il sentait une excitation qui n'était pas la sienne et ne l'entrainait pas vraiment, tout en devant rester calme et se retenir de se prendre la tête dans les mains pour ne pas inquiéter les gens présents, le tout en continuant la conversation.

Puis le démon se calma, voyant les deux nouveaux arrivants. Il sembla les jauger à travers les yeux de l'humain avec tant d'intensité que ce dernier avait l'impression que ses yeux étaient recouverts d'écailles contre lesquelles ses paupières raclaient. La sensation était réellement désagréable mais fort heureusement Varsen intima l'ordre d'entamer le voyage, ce qu'ils firent.

Le long de la route, le guerrier était resté vigilant, sa main se posant sur la poignée de son épée à plusieurs reprises sans qu'il s'en rende compte. Mais au final, les deux brigands qu'il avait mis en déroute la veille ne semblaient pas avoir envie d'en remettre une couche. C'était probablement plus prudent de leur part.

Lorsque le soir arriva, ils s'installèrent au coin d'un feu alors que deux d'entre eux partaient en démarrer un de leur côté. C'était absurde d'un point purement sécuritaire, mais en même temps ce groupe semblait aussi solide que les flancs d'un navire de mauvaise qualité : une vague un peu forte dans le flanc et chacun d'entre eux ne tarderaient pas à se disperser.
Il était une fois de plus perdu dans ses pensées quand le chef de groupe lui proposa de prendre une grande inspiration dans un mélange de poudre qu'il lui présentait. Il s'apprêtait à décliner poliment lorsqu'il croisa le regard de Varsen.

"Ah d'accord. Ce n'est pas une proposition, songea Detlev.
-Fais attention, petit humain. Je ferais tout ce qu'il faudra pour t'empêcher de dire quelque chose de regrettable, murmura le démon, en guise d'avertissement."

La menace fit légèrement frissonner le guerrier. Il avait appris à ses dépends que l'alcool et les drogues le libéraient de l'emprise du démon, au moins temporairement. De ce fait, sa puissance lui avait fait défaut à des moments cruciaux et il devait sa survie à ce moment uniquement à ses aptitudes et sa chance. Conséquemment, la seule façon pour le démon de l'empêcher de parler serait de l'abandonner. Avec toute les blessures normalement fatales qu'il avait subies jusqu'à présent et que le démon avait colmatées à la va-vite, utilisant sa corruption...
La précarité de sa vie en cet instant le frappa et l'incita à agir prestement. Il inspira la drogue, quoiqu'il regretta instantanément d'en avoir pris autant. Il tentait tant bien que mal de conserver l'esprit clair, mais il sentait ses actions lui échapper petit à petit. Une faible partie de son esprit enrageait quelque part, mais son corps semblait prendre cet avis en considération toujours un peu trop tard.

Puis les questions arrivèrent. Par chance, les réponses qui s'imposaient à son esprit étaient généralement plutôt vague. D'où il venait? Nul part en particulier. Ce qu'il faisait ici? Ce que son maître attendait de lui. Ses objectifs? Apporter satisfaction par son service pour être libéré de son maître. Pourquoi souhaitait-il les accompagner? Parce que le joyau qu'ils allaient chercher appartenait à son maître

Ou du moins c'est ce que se bouche tenta d'articuler tandis qu'un bout de sa conscience, désormais isolée de son corps, lui hurlait de se taire immédiatement et de faire sauter la tête de l'investigateur d'un coup d'épée. Mais  à peine avait-il commencé à prononcer "joyau" que les mots moururent dans sa bouche, une vive douleur prenant quasiment tout son corps, lui faisant écarquiller les yeux.
L'homme se redressa sur ses jambes soudainement, le regard affolé, cherchant désespérément quelque chose, n'importe quoi, pour le sauver. Mais il n'y avait rien pour lui. La mort imminente, son esprit devint fou et du manière ou d'une autre, il lui paru logique d'avaler une braise pour cautériser ses blessures qui recommencer à saigner à l'intérieur de son corps : Sal'gan l'avait abandonné pour le faire taire.
Le guerrier s'approcha du feu, tomba à genoux sous les regards interloqués de son publique et tenta d'invoquer le démon. "Sal..." fut tout ce qu'il arriva difficilement à prononcer dans un gargouillis liquide avant de s'effondrer, la main où il portait l'anneau du démon tendue devant lui, sans se rendre compte qu'il s'agissait de la direction générale où Varsen se trouvait, avant de s'effondrer par terre, son sang s'échappant au rythme de ses dernières respirations par sa bouche et son nez, le visage tourné vers le feu juste à côté de lui qui lui asséchait les yeux. Mais il n'était déjà plus à même de s'en soucier.

__________

Sal'gan laissa échapper un hurlement de rage depuis sa gemme. Son attention se porta à nouveau sur les alentours de sa gemme et il remarqua l'humain le plus insolent qu'il ait jamais connu qui se tenait précisément à la distance à laquelle il s'attendait que ses serviteurs attendent. Ce respect de son protocole implicite que l'humain respectait à la perfection, certainement pour le narguer un peu plus, le faisait encore plus enrager.

"Dis le!
-Je vous avais prévenu qu'il ne ferait pas l'affaire, répondit l'humain en devinant sans problème la nature du désarroi de Sal'gan.
-Tu n'étais pas censé répondre!
-Je ne désobéis pas."

Le regard insolent de l'humain était fixé sur la gemme et, d'une manière ou d'une autre, semblait trouver le regard du démon.

"Dois-je me rendre sur place et prendre la relève?
-Non. Il n'était pas le seul pion sur l'échiquier. Pars."

Sal'gan pestait intérieurement avant de se "figer" dans la gemme. Il n'en était pas certain, mais il lui semblait que l'humain avait commencé à partir avant qu'il ait fini sa phrase. Savait-il à l'avance ce que le démon allait lui répondre avant même d'avoir posé la question?

"Oh petit humain... Tu ne mesures pas ta chance... Si seulement je n'avais pas besoin de tous les serviteurs dont je dispose, cela fait longtemps que tu te serais réveillé avec une dague dans la gorge. Tu es bien trop malin pour ton propre bien..."

Detlev tomba au sol, crachant du sang, agonisant. Sparda se leva du tronc auquel il était assis en une fraction de seconde. Il s'approcha de son presque défunt compagnon, et se mit dos a lui, levant son bouclier vers l'obscurité, scrutant du regard les fourrés.

"Ca va Detlev ?! Qu'est ce qui se passe dit quelque chose !"

Voyant qu'aucune menace ne semblait venir de l'obscurité, Sparda laissa tomber son bouclier sur le sol et attrapa son compagnon dans les bras. La braise semblait avoir causé de lourds dégâts aux voies aériennes, et Detlev ne semblait pas revenir à lui.

"Allez guerrier, n'abandonne pas maintenant c'est que le début du voyage ! Reste avec Nous !"

Le ton montait, le forgeron n'avais pas pu protéger, et ça, il ne l'acceptai pas. Il s’énervait seul.

"Saloperie de drogue! Vous êtes tous des drogués, des FAIBLES ! Sauvez le de votre connerie ! Faites quelques chose vous autres !"

Il secouait le corps à présent sans vie de Detlev, c'était allé vite, bien trop vite pour un homme ayant simplement avalé une braise...Mais cela, Sparda ne le voyait pas.

La mort de Deltev était quelque peu improbable. Sparda n’écoutait donc jamais rien. Il n’avait même pas écouté ce qui s’était dit avant que Deltev ne se noie dans son sang, puni d’un châtiment divin. Varsen sortit une bonne bouteille de vin qui avait bien trop vieilli à son goût. Pourquoi gaspiller un si doux nectar au fond d’une cave alors qu’il pouvait être consommé et apprécié par un bel et grand aventurier comme lui? Après ces réflexions de nature poétique et délicate, il déboucha la bouteille et en bu plusieurs gorgés sans respirer avant de rencontrer à nouveau le regard fâcheux de son compatriote. Quelques gouttes, ou plutôt plusieurs gouttes énormes, mais de petite taille, se renversèrent par terre et coulèrent sur son menton et dans son cou. L’homme essuya celles-ci en faisant comme si de rien n’était.
Varsen avait beaucoup plus de respect pour le forgeron qu’il en avait pour les autres, mais il arrêta de le vouvoyer parce qu’il voulait maintenant créer un lien d’amitié avec lui. C’était d’ailleurs pour cette naïveté qu’il avait été aussi facilement accepté dans le groupe, mais l’alcoolique ne pensait pas qu’il tiendrait aussi peu compte des événements. Un grand naïf rêveur qui pensait que le monde tournait rond. S’il survivait assez longtemps, il aurait de grandes désillusions à subir, mais cela lui permettrait d’être beaucoup plus fort. Il l’était déjà, mais Varsen voulait l’endurcir et ça commençait dès ce soir. Malgré son âge bien plus avancé que le sien, Sparda n'avait pas l'air d'avoir eu à faire face à la mort, la faim ou l'injustice.
-La petite concoction que je viens de lui faire fumer est un sérum de vérité. Je suis moi-même immunisé contre cette préparation, mais cet homme étant déjà affaibli par quelque chose s’est confié à nous sans même que tu ne l’écoutes.  Essaie de te concentrer, ce n’est pas moi qui l’ai tué.
Varsen offrit la bouteille à Sparda. Pendant que celui se rassit sur sa chaise, Varsen retira méticuleusement l’anneau du doigt de son hôte tout en prenant soin que le forgeron ne remarque rien, le mit dans ses poches puis se rassit
-Qu’est-ce qu’on va faire de lui maintenant?
Le maraudeur avait eu envie l’espace d’un instant de mettre l’anneau à son doigt, mais comme Sparda avait eu la commande de sertir la pierre sur un autre anneau, cela aurait beaucoup trop éveillé son attention

-La dette que j’ai envers lui concerne le fait qu’il m’a peut-être sauvé la vie quand je me faisais piétiner et que j’étais inconscient. Je ne sais pas si j’étais vraiment en danger de mort, mais personne ne m’a indiqué le contraire non plus…

Elli bouillonnait. Cet emmerdeur de première le tenait par les couilles maintenant. Il n’avait qu’à le siffler et Elli accourait comme un petit chien docile. Ce dernier cracha en pestant contre le monde entier. Il devait se reprendre. Ses crises semblaient se déclencher plus facilement quand il était anxieux ou que son cœur s’emportait. Elbereth quant à elle, savait trop bien comment faire taire ces images et ces rêves cauchemardesques. Quand elle le touchait, ne serait-ce qu’un peu, il reprenait ses esprits quelque peu troublés ces temps-ci. Le fait qu’elle veule bien l’accompagner encore un moment le sécurisa. Il se sentait toutefois un peu comme un enfant handicapé sur qui on devait veiller pour ne pas qu’il lui arrive un accident. Il détestait se sentir comme ça alors qu’il voulait lui-même défendre les intérêts de la jeune femme.
-Quand tu es près de moi…
Elli ne voulait pas qu’elle s’imagine qu’il la courtisait, mais ses sentiments et son désir de vérité lui intima de continuer à parler.
-Quand tu es près de moi ou que tu me touches, j’ai l’impression que tout va aller pour le mieux. J’apprécie ce que tu fais pour moi. Et si tout coïncide avec ta présence, je ne crois vraiment pas que ces failles spirituelles dans mon esprit puissent avoir rapport avec toi de près ou de loin, au contraire.

" Aider quelqu'un ne devrait pas être soumis à autant de dette, suis Varsen si tu veut mais ne le laisse pas abuser de toi non plus. "

Je me tut de nouveau quelques secondes, contemplant le feu ... Elli avait bien saisie que mon contact le calmait, mais il n'y voyait rien de surnaturel et me considérait plus comme une sainte que comme une sorcière. Le laisser dans l'ignorance totale me gênait, il venait de divulguer tous ces secrets sans tenter de cacher ces failles et je préferais qu'il reste avec moi en connaissance de cause .

"Elli... moi aussi j'ai des choses à te dire.. "

Je fouillait en même temps dans mon sac pour en sortir une cerise.

" Par contre je préférerais que cela reste entre nous, je n'aime pas trop en parler "

Je récurerais aussi ma gourde attachée à ma taille et versait de l'eau sur la cerise au creux de ma main .

"Ce n'est pas vraiment moi qui te calme quand je te touche, mais plutôt mon don, c'est pourquoi je cherche un contact physique avec toi quand tu va mal "

En disant ces mots je regardais la cerise se fendre et une jeune pousse de cerisier grandir à vu d’œil .

" Mais je ne suis pas une sainte, je ne comprend pas encore bien mes pouvoirs, la seule chose que je puis être sur est que la nature est neutre, capable de faire le bien comme le mal"

Sur cette dernière phrase l'eau au creux de ma main se troubla, et la plante comme asphyxier devint noire et se flétrit en quelques secondes.

" Je veut que tu puisse rester avec moi en pleine conscience, je comprendrai que tu préfère que je parte"

Étrangement, alors que jusqu’à présent cela ne m'aurait pas déranger de partir, maintenant mon secret révéler j'était plus sensible et j'esperait ne pas me faire rejeter une nouvelle fois par sa faute. Je prit soin de faire redevenir l'eau claire avant de la laisse couler par terre et levait les yeux vers Elli cherchant dans son regard un début de réponse .

Eh bien, cette soirée était riche en rebondissements. Elli songea un instant aux personnes ayant un don particulier. Plusieurs héros de légende étaient conseillés par une sorcière. Ce n’était pas nécessairement un mauvais présage que ce qu’il venait d’apprendre. Les guérisseurs, les shamans, les druides et tout ce qui pouvait être perçu comme négatif, lui apparaissait souvent comme positif. Ouvrir son esprit était dans sa nature de conteur. Les gens lui racontaient des choses et il racontait des choses aux gens. Sans les juger ou dédaigner entendre leurs péripéties les plus monstrueuses, c’était du donnant-donnant.
-Tu sais entre toi et moi, je crois être celui qui soit le plus repoussant, dit-il en faisant une grimace horrible digne d’un enfant. Il vit alors pour la première fois, un léger sourire sur le visage de son amie.
-Les plus grandes sorcières sont accompagnées des héros les plus forts. Il en a toujours été ainsi… Et ainsi je vais enfin pouvoir accomplir mon rêve d’enfant de devenir un héros de légende moi aussi, dit-il en riant. Ça faisait du bien de rire pour une fois. Il lui semblait que ça faisait un moment que ça ne lui était pas arrivé à lui non plus. Le voyage serait peut-être agréable finalement.

Il avait réussi à la faire sourire alors qu'elle commençait à douter, peut-être finalement avait t'il un peu de talent !

" Avant de devenir une grande sorcière et un valeureux héros il faudra nous trouver une quête digne de ce nom, mais pour le moment il faut déjà que je te supporte pendant celle-ci qui n'a rien d’héroïque... "

" Il faudra également que je trouve tes qualités de héros, parce que pour le moment à par compter des maladresses qui te valent des coups sur le crâne je n'ai pas vu beaucoup de tes talents !"

J'était peut être un peu piquante, mais la bonne humeur du moment devrait suffire à ce qu'Elli le prenne plus comme un défi que comme une critique . De toute manière il n'avait encore jamais eu à montrer de quoi il était capable , comme moi ceci dis, mais je ne comptait pas utiliser mes forces pour une démonstration de magie ou un jeu de coq, le voyage nécessitait un peu plus de sagesse même si pour le moment tout allait bien.

-C’est vrai qu’à côté de moi Varsen est un vrai petit ange, lança-t-il en feignant d’être outré. Je peux très bien me trouver une autre sorcière si tu veux.  Elles tomberaient toutes à mes pieds si elles savaient que j’étais enfin disponible pour devenir leur héro. J’en connais une très bien qui d'ailleurs habite à un jour ou deux de marche d'ici. Un beau sourire, une voix suave et un joli visage, rien à voir avec toi, dit-il en lui faisant un clin d’œil et en la traitant de vieille harpie grincheuse.
C’était tout l’inverse d’ailleurs. Elbereth lui plaisait beaucoup et la seule sorcière qu’il avait rencontrée avant elle était une vieille bonne femme maigrichonne aux cheveux mêlés, grisâtres et sales et qui prédisait l’avenir à ses rares clients. Elle lui avait dit un jour, en échange de quelques pièces plus ou moins bien investies, que les morts rôdaient autour de lui et qu’il devait être prudent. Elle lui avait parlé de sa mère aussi et de la naissance de son frère qui avait été difficile, mais Elli en était sorti quelque peu sceptique. Ce genre de charlatan courrait les rues à l’époque et savait très bien y faire pour deviner certains évènements de la vie de leurs clients.
Après cette petite chamaille amicale, Elli avait envie de se rapprocher d’Elbereth. Il la savait mal à l’aise avec les rapports humains, mais il vint tout de même s’assoir à côté d’elle de façon naturelle. Il n’avait jamais rencontré une femme qui soit aussi rebutante envers lui. Elle ne lui laisserait pas facilement prendre de la place dans sa vie, mais ce soir il avait fait un grand pas dans cette direction. Sans dire un mot, il lui prit la main sans en faire plus. Il ne cherchait pas à faire avancer les choses trop vite et elle le prendrait bien comme elle voudrait. Après tout il ne faisait rien de plus que lui prendre la main.

Sparda pris la bouteille que lui avais tendu Varsen, étonnament calme. Il la déboucha, avant d'en boire une lampée.

"C'est pas le premier gars que je vois mourir, loin de là, mais merde je suis le Bouclier moi...et il méritait pas ça, je suis sur que c'était un homme bien."

Il reprit un coup à boire, avant de poser la bouteille au sol.

"J'exige qu'on lui offre une sépulture décente, je ne vous force pas, je creuserai seul jusqu'au matin s'il le faut."

La colère était retombée. Sparda s'approcha du corps sans vie de Detlev. Le regard triste, la mine fermée, il s'en saisi et le posa sur ses épaules. Habitué aux très lourdes charges, il lui semblait léger... Comme si tout son poids s'était envolé, en même temps que sa vie. Il attrapa ensuite son bouclier, et fit quelques pas. Il scruta le ciel, cherchant un endroits que la lune blafarde éclairait. Il posa ensuite délicatement Detlev au sol, se mit à genou, et commença à creuser à l'aide de son bouclier.

"Varsen, je te prie de m'apporter ses effets personnels, qu'il parte avec. Je garderai son épée et tacherai de la remettre à sa famille, si ce pauvre homme en avait encore une. Si tu trouves un joyau parmi ses effets, conserve le pour notre voyage, quand celui ci aura pris fin, je le façonnerai, et lui remettrai."

Puis, les cheveux tombant devant le visage, les manches retroussées, il creusa machinalement, à l'aide de son fidèle écu...

Sparda semblait complètement absorbé par sa tâche quand il parla du joyau de Deltev. Varsen ravala sa salive. Il n’aurait pas cru que cela ait autant d’importance pour le forgeron. Il rassembla les affaires du défunt et prit l’anneau dans ses mains, comme si c’était la dernière fois qu’il le faisait. Il cru alors entendre un chuchotement caverneux qui venait de nulle part et de partout à la fois.
-Tu as dis quelque chose Sparda?
Sa réponse fut négative. Varsen reprit :
-J’ai trouvé ce que tu cherchais. Si tu veux garder l’anneau avec toi, je te la laisse. Je n’ai que faire de telles bricoles, mais si elle avait de la valeur pour lui… Je suis d’accord de lui rendre hommage  comme tu l’entends. Je n’ai pas l’habitude de ce genre de… cérémonie.
Contre toute attente Varsen donna non seulement l’anneau à Sparda, mais sauta dans le trou avec lui et l’aida à creuser. Cet homme était incroyable. Comment pouvait-il être aussi humain derrière cette montagne de muscles qui aurait suffit à terrasser n’importe quels brigands de routes sinueuses? Varsen ne fit pas semblant d’aider Sparda. Il sua et mit toute l’énergie qu’il pouvait donner au travail. Il ne savait pas pourquoi il le faisait, mais le faisait et ça lui convenait.
-Je sais ce que tu penses. Je ne suis peut-être pas le genre d’homme que vous semblez tous vous plaire à croire. À ta place j’épargnerais les détails aux jeunots qui dorment un peu plus loin. Ça pourrait leur faire croire à tort à des choses qui n’ont pas eut lieu. La drogue ni était pour rien dans cette mort et toi comme moi le savons très bien tous les deux.
Une fois le trou creusé, Varsen en sorti et attendit la réponse du vieux.