Le fond du baril

J'avais bien vu Elli partir et j'avais décidé de le suivre de loin. Si je n'étais pas parti plus loin de la forge, c'était entre autre pour m'assurer qu'on avait pas besoin de moi. S'il se trouvait mal, je préférais éviter que Varsen le soigne à coup de drogue .

Je fus cependant rapidement distraite par le marché.J'en profitai pour acheter quelques fruits frais au passage dans la prévision d'un voyage éventuel.

Une fois l'achat réglé, je n'avais plus Elli dans mon champ de vision et je partis à sa recherche. Il n'avait pas dû aller bien loin et vu ses rapports avec Roberta, il était probable qu'il ne retournerait pas de lui même à la taverne .

Ce furent des cris d'enfants un peu plus apeurés qu'a l'ordinaire qui me dirigèrent vers la fontaine où Elli s'était allongé. Il dormait d'un sommeil agité et c'était un miracle qu'il n'ait pas basculé dans l'eau.

Comme à mon habitude je lui pris le poignet. Son cœur affolé reprit un rythme plus calme en quelques secondes, mais il ne semblait pas reprendre conscience. Je décidai donc de m’asseoir sur la fontaine, installant la tête d'Elli sur mes genoux et ma deuxième mains sur son front que je refroidissait d'eau froide au fur et à mesure que le soleil le séchait .

Il aurait été mieux à l'ombre, mais je n'avais pas la force de le porter bien loin . Varsen allait mettre un bout de temps à nous retrouver et j’espérais intérieurement qu'il nous oublie. Après tout, sa quête ridicule avait l'air plus dangereuse qu'utile, surtout pour Elli qui n'était pas au meilleure de sa forme .

Elli aurait dû éviter l'auberge chez Roberta ce soir là. Il aurait dû éviter l'alcool et il aurait dû éviter d'enfreindre l'une de seules règles du conteur d'histoires : ''Ne pas parler d'une personne connue qui habitait à proximité si c'était en mal.'' Il fallait au pire changer les noms et au mieux trouver autre chose à raconter. Il était tombé dans le piège de son auditoire qui l'encourageait à continuer et maintenant peut-être que Varsen échouerait sa quête à cause de lui. Il avait l'air de lui en vouloir pour cette raison en tout cas. Sinon il était seulement un être suffisant, profondément mauvais, imbu de sa personne et minable. Les mots ne suffisaient pas à le décrire. Elli ne l'aimait pas et il allait être ralenti dans ses recherches à cause de lui.
Dans son rêve, Elli se retrouvait chez lui enfant, en train de jouer aux chevaliers avec ses amis. Il était si absorbé par son rôle qu'il oublia l'heure qu'il était. Ses parents l'attendaient avec son petit frère. Tout à coup tous ses amis disparurent. Il se retrouva seul à errer dans les rues avec son épée en bois, aucun paysan en vue. Que lui et le chemin sinueux qui le conduisait devant le crime infâme qui brisa son enfance pourtant heureuse. Il arrivait chez lui. Il voyait sa maison au loin quand son rêve changea soudainement du tout au tout.
Un jeune femme aux oreilles pointues et aux cheveux d'argent veillait sur un homme inconscient qui n'était nul autre qu'Elli. Il était spectateur de la scène et pourtant il savait que c'était lui étendu là près d'elle. Mais qui était cette femme. En y regardant de plus près, Elli comprit que c'était Elbereth. Une elfe? Vraiment? Était-ce un rêve ou la réalité. Et pourquoi d'ailleurs s'occupait-elle de lui. Il avait déjà une dette envers Varsen qu'il aurait du mal à rembourser. Il ne voulait pas en avoir une supplémentaire qui le ralentirait encore dans  ses efforts pour retrouver son frère.

Il revint finalement à lui et était maintenant très calme. La panique de tout à l'heure l'avait quitté. Il ouvrit les yeux pour contempler avec une certaine inquiétude celle qui veillait réellement sur lui.
-Êtes vous un ange?
Ses esprits ne se remettaient pas en place. Il tenta de se relever, mais sa vision s'assombrit et il ne fallut pas une grande force de la part d'Elbereth pour le retenir.
-''Pourquoi faites-vous ça? Je ne vous ai rien demandé'', dit-il d'un ton plus sec qu'il ne l'aurait souhaité. Elle ne méritait de tels propos.
-''Je suis désolé, je ne voulais pas être désagréable. Je suis redevable envers Varsen et maintenant envers vous. Je ne sais pas comment vous rembourser cette dette...''

" Je crois que je préférais quand vous tentiez de m'embrasser au réveil "

Je savais bien que les premiers instant d'éveil après un repos forcé ne reflétaient jamais ce que pensait réellement un individu. Mais les réveils d'Elli étaient toujours surprenants. Ce devait être un être troublé pour exprimer tant de violence  sans forcement le vouloir .

" Je ne suis que moi, Elbereth, et vous ne me devez rien . J'ai simplement du mal à savoir que quelqu'un peut souffrir. "

Il était vrai que depuis que j'avais commencé à changer je ressentais plus de choses. Ma sensibilité à la nature me poussait à une forte empathie envers mes semblables. Je ne savais pas encore bien si c'était un don ou une malédiction et c'était pour cela que je m'exilais trop souvent en forêt, l'être humain étant compliqué et incroyablement doué pour se torturer lui-même .

" Si vous ne voulez pas d'aide je pars. Cette quête ne m'est d'aucun intérêt de toute manière. J'avais la conviction que ma présence vous aidait, mais je n'irais cependant pas jusqu’à vous l'imposer. J'espère que vous vous en sortirez avec les drogues de Varsen. "

J'eus du mal à retirer ma main d'Elli. Je savais que sa guérison serait dur et non assurée ... mais on ne pouvait pas forcer quelqu'un à se sevrer ou à guérir. Je ne le savait que trop bien.

Sans but soudain et un peu sonnée, je restai quelques secondes assises à réfléchir à mon futur proche. Disparaître en forêt pour un peu de repos de l'âme ou bien un peu de service chez Roberta pour dormir au chaud et être trouvable par Elli si jamais ... ?

Elli serait bien parti en l'abandonnant là, sans aucun retour en arrière possible, mais il ne le fit pas. Il aurait été capable de le faire et sans doute l'aurait-il fait si ce n'eut été de son état lamentable. Il venait de faire une tentative pour se lever qui se résuma à se rassoir pour recouvrer sa vision qui devenait floue avec le moindre effort physique. Elbereth lâcha sa main et Elli ressentit une certaine déception. Il aurait eu le goût de coucher sa tête sur les genoux de la jeune fille et de se reposer encore un moment. Elle savait le calmer et il ressentait un peu moins le chagrin quand elle était avec lui.
''-Vous voulez que je vous retienne, est-ce bien ce que vous attendez? Vous avez raison, je suis un idiot. C'est juste qu'avec Varsen qui met toute cette pression sur moi et le monde qui va de travers depuis des milliers d'années, je me demandais si vous n'essayiez pas simplement de profiter de moi. Je vois bien que non maintenant, et je vous remercie. Restez donc avec moi encore un peu. Laissez moi un peu de temps... Les drogues ne sont pas faites pour moi alors... Il ne me reste que vous pour m'aider.''
Elli espérait que ça suffirait, mais se demanda tout de suite si sa demande n'était pas un peu égoïste. Ne serait-elle pas bien mieux sans sa compagnie et celle de Varsen? Il se replia un peu sur lui même, mais espérait quand même qu'elle décide de rester.

" Je veux juste que le monde tourne un peu plus rond et qu'on arrête de réfléchir à ma place. Je suis assez grande pour m'exprimer si j'estime que l'on me doit quelque chose ou que quelque chose me déplaît"

Je resterais bien sûr. Je n'avais jamais été capable de laisser quelqu'un mal en point, mais néanmoins il m'avait blessé et je tenais à lui faire sentir.

" Je peux et je veux vous aidez, mais ne me traitez pas comme Varsen. Je n'ai rien fait pour mériter vos doutes jusqu'à présent ."

Me comparer à Varsen devait suffire à faire comprendre à son esprit embrumé que j'avais pu être vexée.

" Vous avez tout votre temps tant qu'il n'aura pas besoin de vous en tout cas... mais nous pouvons rester un peu ici. Je suis persuadée qu'il saura nous retrouver dès qu'il le voudra "

Sur ce, je pris une poire dans ma sacoche et mordis dedans à pleines dents. Ça me donnait toujours faim de tenter d'aider les gens !

Comme le temps avançait, ils étaient maintenant à l'ombre et le soleil brillait. Elli décida finalement de s'allonger et de poser sa tête sur les genoux d'Elbereth. Si elle était assez grande pour s'exprimer alors elle était assez grande pour lui dire s'il était trop invasif. Ce n'était pas son intention, il voulait relaxer et que sa migraine aille se balader ailleurs. Il cherchait un peu d'équilibre et à retrouver la zénitude et l'innocence qu'il avait perdu étant enfant. L'insouciance de la jeunesse... Si seulement il pouvait la retrouver. Ne pas s'occuper de l'argent, d'avoir un toit sur le tête ou d'avoir de quoi manger dans son assiette. Ne pas avoir à rechercher un frère qui était sans doute mort... Son cœur battait si fort.

Il sentit une main caresser ses cheveux. Il sentit l'air frais effleurer doucement son visage. Elli se calmait tranquillement. Il ne se souciait plus du monde qui l'entourait. Il respirait lentement et pendant ce bref moment, se sentit heureux. Il ouvrit finalement les yeux et sourit. C'était comme s'il retrouvait un amour d'enfance qu'il avait oublié depuis longtemps. Ce n'était pas tout à fait ça, mais ça y ressemblait. Il attendait un baiser qui ne vint pas, une phrase ou même un mot. Puis il se ressaisit. Complètement reposé, il invita Elbereth à aller retrouver Varsen. Il n'avait pas le choix... Mais elle...
-Je ne comprends toujours pas...
Il laissa ses mots s'envoler et n'ajouta rien de plus. Il allait mieux maintenant, mais pour combien de temps? Il rejoignirent finalement la forge comme si rien ne s'était passé et attendirent à l'extérieur. Il n'allait quand même pas les laisser en plan encore longtemps.

Sparda eu un frisson lorsque son interlocuteur lui parla de discrétion. Bien trop souvent quand son père lui racontait ses aventures auprès de la famille royale, il l'entendait. Cela était à présent bien loin...

Voici à présent que son client, en plus de lui demander un masque en acier, demandait à être discret et avoir un masque du plus pur acier du continent !

"-Je suis bien embêté voyez vous. Mes contacts ne s'étendent pas jusqu’à Minia! Faire venir le minerai depuis cette région prendrait des semaines entières et hors de moi l'idée de vous voler, cela coûterai une fortune !"

Il prit un moment de réflexion où il fixa sans trop d'attention le bout de papier. Il le tenait à une main, l'autre posée sur sa hanche. Après quelques minutes, ayant peur d’importuner son client, il reprit.

"-Bon écoutez, ma vieille forge prends l'eau et je croule sous les commandes. Je ne dis pas non a quelques vacances...Je les honorerai à mon retour, prestement. Je vous propose ainsi de vous accompagner à Minia, de prendre mes outils, et je vous forgerai ce masque sur place. Par la même occasion, sur le retour, je ramènerai du minerai de premier choix, afin de me faire pardonner les retards de commande. Si je ne peux respecter les délais, je pourrai au moins fournir des pièces d'exception ! Ma seule exigence sera de passer par Shamar, afin que j'y affiche une lettre d'information pour mes clients. Qu'en dites vous, Monsieur...?"

En terminant sa phrase, Sparda tendit le plan à son client, dont il ignorai encore le nom...

J'étais enchanté, pour une de ces rares fois, de voir l'enthousiasme de Sparda, mais il me fallait encore planifier cette escapade et je manquais encore d'information concernant le Rubis du Renard. La commande venait de plus haut que moi et je ne pouvais pas quitter la ville sans les avertir au préalable et avoir aussi une bonne raison à leur fournir.
''-C'est entendu. J'aurai besoin de deux ou trois jours pour préparer le voyage. Ça vous laissera le temps de travailler sur vos dernières commandes. Rejoignez nous à l'auberge chez Roberta quand vous serez prêts et demandez Varsen.''
Je serrai la main du forgeron qui avait, ma foi, vraiment une poigne d'acier. Après m'être fait broyer la main, en exagérant quelque peu la douleur ressentie, je sortis retrouver Elli et Elbereth qui avaient manifestement disparu. S'ils pensaient se débarrasser de moi si aisément, ils se mettaient le doigt dans l’œil. Je parcourus le marché à grande vitesse. J'avais le goût de les engueuler pour leur absence. Je me demandais s'ils ne voulaient pas me fausser compagnie pour de bon quand je tombai enfin sur eux, qui étaient vraisemblablement revenus à la forge. Elli était presque endormi sur un banc et Elbereth veillait sur lui comme une conne. La plupart des gens auraient probablement utilisé un mot du genre ''comme une gardienne'' ou quelque chose comme ça, mais je n'étais clairement pas ''la plupart des gens''. Elle était franchement conne et ça me mettait en rogne de les voir là, se faisant quasiment des bécots et se récitant quelques poésies des plus stupides.
''-Vous voilà enfin. J'aimerais ne plus avoir à vous chercher comme ça car je n'ai pas que ça à faire. Je dois savoir où vous êtes en tout temps pour être en mesure de contrer tout éventuel problème.
Prenez vos affaire, on retourne à l'auberge. Vous m'attendrez là-bas le temps que je prépare le voyage. Nous partons pour Minia dans 2 jours.''
Sans leur donner plus d'explication je leur tournai le dos et me dirigeai vers l'auberge d'un pas rapide et concis. Je sortis une petite flasque et en bus la moitié avant même d'avoir fait 3 pas. Ils allaient me rendre malade à force de se comporter en abrutis.

Varsen ne mit pas longtemps à nous retrouver et il était encore plus désagréable qu'auparavant, son entrevue à la forge n'avait pas dû se passer comme prévu.
Nous intimant l'ordre de rester à l'auberge encore deux jours de plus et de le prévenir de nos fait et gestes, il partit sans nous laisser le temps de répondre comme un bien mauvais chef d'équipe .
Quoi qu'il en soit, j'étais là de mon plein gré, je ne devais rien à personne et ne comptais pas rentrer à l'étable comme une gentille brebis. Il semblait que mon attention pour Elli lui ait donné une mauvaise image de moi .

Je regardai mon compagnon de fortune qui avait été plutôt réveillé par l'incartade de Varsen :

" Je ne retournerai pas à l'auberge, je n'en ai ni l'envie ni les moyens et j'ai d'autres projets pour ces deux jours que de pourrir dans un trou de débauche ."

Je savais bien que mon compagnon n'avait pas trop le choix que d'obéir. Il semblait lié par une promesse ou une dette à Varsen que je ne comprenais pas trop . Personnellement je détestait ces liens forcés. Je les trouvais vide de sens sans aucun intérêt et facile a trahir. C'est pour cela que je ne demandais pas de contribution de mon attention à Elli. Il m'aiderait peut être de lui même un jour sans que je n'ai à le demander et cela aurait sans doute plus d'importance que s'il était forcé de le faire .

J'agissais de la même manière quand je vendais mes gri-gris. Je laissais aux clients le soin de fixer le juste prix et c'était plutôt rentable en général . Pour les quelques radins qui ne voulaenit que dépenser le minimum, mes dons ne pouvaient de toute manière pas grand chose ... et donc ils avaient dépensé pour rien .

Sortant de mes réflexions, je regardai de nouveau Elli. Il avait besoin de moi, mais mon toucher semblait remplacer la drogue. J'avais deux jours pour prendre le temps de le sevrer au maximum. Il n'était pas envisageable qu'il reporte son addiction sur moi .

" Si toi ou Varsen avez besoin de me trouver je resterai dans le forêt proche et serai prête à partir. Il serait bien que je puisse te voir un peu en journée pour t'aider à aller mieux "

Je ne comptais pas lui expliquer les détails de mon don. Mon passé m'ayant appris à rester discrète, il était beaucoup plus sage de passer pour une jeune femme frêle et naïve  dans ce monde .

" J'aimerais si possible que tu évite de toucher à la drogue. Si tu te sens vraiment mal, il suffira de m'appeler et je viendrai t'aider dès que possible .
Ça ne sera pas forcement évident, mais il est certain que tu t'en remettra, je pense que la drogue t'a fait plus de mal que la poigne de Roberta"

Cette dernière phrase n'était pas forcément vraie, mais s'il ne pensait pas s'en sortir il n'avait aucune chance de guérir.
Je posai dans sa main un appeau de cigogne. Le petit instrument de bois imitait quasi à la perfection leurs claquements spécifiques et vu que la cigogne ne passait par ici que pendant ces migrations je ne risquais pas de confondre Elli à un vrai animal .
Je le pris par le poignet et l’incitai à se lever. Il ne semblait pas en pleine forme, mais j'allais quand même l'accompagner à la taverne avant de disparaître .

Rendu à l’auberge, Roberta nous accueillit à bras ouverts. Elle porta même une attention particulière à Elli qui ne semblait toujours pas récupérer de la blessure qu’il avait reçue.  J’en venais presque à me demander si j’avais bien fait de le secourir ainsi. Dans mon village on traitait ce genre de gens de ‘’petite nature’’ ou plutôt de ‘’tite nature’’ ce qui signifiait qu’il se comportait en fillette et qu’il n’était pas capable de surmonter la situation comme un homme. La tenancière lui offrit encore de la cocaïne que je pris dans mon sac en prétextant que c’était mieux si c’était moi qui la gardait. Nous prîmes un repas des plus copieux, mais je dus m’éclipser tout de suite après. En espérant qu’il ne déserterait pas l’auberge pendant mon absence.
Avant de quitter, je visitai les toilettes et pris une très grande quantité de cette poudre miraculeuse que venait de me donner Roberta. Elli n’en prendrait clairement plus alors pourquoi gaspiller une si prodigieuse substance qui me permettait d’avoir les idées claires. Je finis aussi la flasque de gin que j’avais entamé tout à l’heure et me permis de faire un petit caca dans les toilettes infâmes que nous proposaient l’établissement. Je finis par quitter les lieux pour me rendre dans un lieu encore plus mal famé qui n’était pas très loin non plus. Nous logions dans un quartier qui me permettait beaucoup de déplacements sans éveiller les soupçons.
Je laissai une lettre qui expliquait mes futurs déplacements à un enfant qui n’avait clairement pas l’air d’être aussi à jeun que se devaient de l’être les enfants de son âge. Je ne connaissais pas sa situation, mais je savais pertinemment qu’il transmettrait le message malgré tout. Ensuite je me dirigeai vers chez moi. Je pris une seconde flasque qui était cette fois rempli d’absinthe pure. Je bu la totalité du liquide pour me rendre compte que mes esprits étaient de moins en moins clairs. Je titubai pendant plus d’une demi-heure sur un trajet qui me prenait d’habitude, moins d’un quart d’heure à parcourir, mais j’arrivai finalement à mon domicile. Je pris le reste de la poudre en surplus que Roberta venait à peine de me donner puis entrai dans ma très modeste chaumière. Je me sentais fort et prêt à tout. Je me sentais invincible et aussi… quelque peu énervé. Non, pas juste quelque peu. Je me sentais salement énervé, en colère.  Je prenais du retard dans mes recherches, je devais me taper un voyage de plusieurs jours avec les idiots du village et de surcroit me rapporter et expliquer chacun de mes déplacements. C’est à peine si je pouvais aller pisser sans devoir  me justifier.
Il n’y avait qu’une seule pièce pas très grande et donc aucun endroit où se cacher dans ma petite cabane. J’aperçus tout de suite ma femme couchée avec un autre homme et j’explosai immédiatement d’une colère noire et terrible. Je me jetai sur l’homme nu et l’envoyai valser au tapis. Je ne lui laissai pas le temps de réagir que j’étais déjà sur lui à frapper, marteler, écraser son visage maintenant complètement défiguré. Je n’arrêtai pas, je continuais et continuais sans cesse jusqu’à avoir tellement mal aux poings que je dû me résigner à freiner mon élan. En me relevant je lui assenai un coup de botte ou deux au visage qui le rendit complètement méconnaissable. Il était maintenant impossible pour le commun des mortels de l’identifier. Laissant le cadavre répugnant de cet homme là où il était, je me jetai sur ma femme. Mes mains autour de son cou serraient aussi forts que possible. Ses yeux exorbités furent bientôt sans vie. Elle venait de saboter le peu d’humanité qui me restait. Je n’avais pu envisager un autre châtiment que la mort à ce moment là. J’étais beaucoup trop saoul et drogué pour vraiment comprendre ce qui venait d’arriver. Je rassemblai le peu de choses que j’étais venu chercher pour le voyage : un poignard bien sculpté et serti de petits pierres précieuses bleues et rouges subtilisé à un riche marchand, quelques documents qui me promettaient une ‘’liberté’’ certaine auprès des autorités en cas de besoin et quelques pièces d’argent qui lui permettrait de payer l’acier à Minia. Si je pouvais user de chantage et de supercheries la plupart du temps, les marchands de Minia ne s’y prêtaient pas.
Je disposai les cadavres dans le centre de la pièce et les couvris de draps et d’huiles à lanterne. Je mis tout ce qui pouvait accélérer la combustion près des cadavres et mis le feu. Je sortis sans me retourner. Je marchai quelques pâtés de maison et m’écroulai, mort de fatigue.  Le lendemain je m’éveillai dans la boue et une forte odeur de pisse ainsi que des pantalons détrempés me rappelèrent la nuit atroce que je venais de passer. Je devais me laver et me changer. Et je comptais peut-être bien me faire une putain ou deux pour me calmer les nerfs. Comme tout cela se retrouvait en un seul lieu qui était nul autre que l’auberge de Roberta, ce fut vers là-bas que je me dirigeai.

Cette nouvelle commande, cette promesse de voyage, et quitter sa forge sonnaient pour Sparda comme un retour aux sources. Né d'une famille confortable, proche de la noblesse, son expérience de vie avait fait de lui une personne aimable, sociable, et facile a vivre. Après le départ du nouveau client, dont le nom lui était sorti de la tête, Sparda avait trié et regardé une par une toutes les commandes qui lui avaient été adressé, et dont il n'avait même pas commencé l'ouvrage. Il pris le soin de noter sur un parchemin bien plus épais qu'a son habitude, et bien plus grand aussi, ces quelques mots.

"Sparda Var Amicitia, Forgeron de la porte Sud, vous prie de l'excuser pour les retards sur ses commandes de forge. Il s'absentera quelques semaines. Les commandes seront honorées prestement à son retour, avec de l'acier Minien."

Il prit ensuite un grand sac de chanvre, et s'absenta dans le fond de la masure. Il revint plus tard, le sac noué d'une solide corde, posé sur son épaule, visiblement bien plein, et bien lourd, il le jeta au sol sur le pallier ce sa très chère forge.
Le grand gaillard s'avança ensuite vers son enclume, massive, noire de résidus métalliques brûlés, et lui donna des coups de pieds frontaux, à l'une de ses extrémités. Une cale en pierre, visiblement fichée sous l'enclume, sembla délogée de son emplacement. Satisfait, Sparda se craqua les poignets, s'approcha de l'enclume, et l'empoigna. Jambes fléchies, dos droit, il la souleva très légèrement, dans un effort considérable, avant de la laisser tomber le plus loin possible de ses pieds. Sous l'enclume se trouvait un ingénieux système.
Afin de la caler efficacement, et de travailler avec assurance et précision, l'enclume était posée sur un anneau en acier, dont la pierre servait de verrou. Ainsi, pour la déloger, il lui suffisait de faire légèrement tourner l'enclume, d’ôter cette petit pierre, et l'enclume pouvait être soulevée.
Sous celle-ci se trouvait un petite bourse de cuir terreuse, contenant les très maigres économies du travailleur de fer. Il s'en saisit, l'attacha à sa ceinture.

Après avoir pris soin de prendre quelques rations, Sparda jeta le lourd sac de chanvre sur son épaule, et se dirigea vers la ville. Le trajet fut long, ce maudit sac lui demandait un effort conséquent, mais il ne possédait pas de mule. Il se rendit sur la place principale de Shamar, grande, éclairée, au petit matin. Le tableau d'affichage au centre de la place était couvert de croquis grivois, affiches en tout genre pour des vaudeville, des bordel, ou encore des arrêtés politiques, souvent déchirés ou illisibles. Calmement, le forgeron il placarda son affiche, a l'aide de 4 petits clous, et de son marteau de forgeron.

Enfin, épuisé par un tel voyage, il décida de se rendre à l'auberge la plus proche, prendre une mousse, et repartir quand il aurai réussi a faire décongestionner ses cuisses. Arrivé proche de l'entrée d'une taverne, il remarqua une silhouette familière, bien que différente. Se rapprochant en accélérant légèrement le pas, il reconnu son tout nouveau client. Cette fois ci, il semblait en bien mauvais état, crasseux, puant, titubant...Inquiet, Sparda lui attrapa le poignet d'une main ferme, et le tira vers lui, le forçant à se retourner.

"-Et bien mon brave, vous avez bien mauvaise mine ! Un peu d'aide?"

-Je... Je suis... Où je suis?

Si la drogue ne faisait plus son effet, pour l'alcool c'était tout le contraire. Je ne comprenais plus tellement ce qu'il m'arrivait. J'avais mal à la tête et mes jointures ensanglantées me chauffaient encore. Comme si par le sang qui en dégoulinait encore, j'expulsais un brûlant démon. Quand Sparda  me retourna pour me parler, je faillis tomber à la renverse. Un soudain haut le cœur me prit à l'estomac et je vomis bruyamment par terre et à moitié sur moi. J'étais malade comme je l'avais rarement été dans le passé. Et puis, qu'est-ce qu'il faisait là lui? Je ne l'avais pas sonné. Bien que j'aurais pu être bien méchant, je me contentai d'accepter son aide. Après tout, s'il voulait aider un mec qui sentait la pisse, le vomi et l'alcool et bien libre à lui. D'ailleurs ce mec m'avait donné bonne impression dès le début.

Il m'aida tant bien que mal à me rendre à l'auberge et me confia aux bon soins de Roberta. Avant qu'il ne retourne chez lui, je lui lançai que j'étais prêt à partir après m'être remis de ma débandade et qu'il n'avait qu'à nous rejoindre ici dès qu'il serait prêt. Roberta quant à elle insistait pour m'aider à me laver et rejoindre mon lit, mais je lui expliquai poliment, mais clairement qu'elle en faisait déjà assez. Je pris quand même la peine de demander à un jeune garçon, moyennant une piécette, s'il pouvait m'envoyer une femme qui répondait au nom de Mary et qui devait se trouver dans les environs. Je montai à l'étage pour l'attendre, Roberta m'ayant déjà préparé une chambre.

Elli retourna à l'auberge, mangea puis alla se coucher. S'il s'était tu lorsqu'Elbereth l'avait quitté, il pouvait n'en vouloir qu'à lui même. La déchéance de leur compatriote ainsi que sa conduite désagréable ne pouvaient que répugner la jeune femme. Elli comprenait bien que ça ne lui plaise pas comme situation et qu'elle se retranche dans les bois. Quoi que c'était bien rare de nos jours voir quelqu'un qui préfère dormir dehors que dans un lit, qu'il soit confortable ou non.
Quand le soleil commença à poindre le lendemain, Elli était déjà éveillé depuis plusieurs heures. Il n'avait pas réussi à trouver un sommeil réparateur et s'était plutôt ébahie devant la vision obscène d'un plafond centenaire en train de pourrir lentement et couvert d'araignées. Il n'était pas au meilleur de sa forme, mais ça pouvait aller. Il se leva et s'habilla pour rejoindre la salle à manger où la responsable de son état était déjà à l'oeuvre. Il prit son petit déjeuner et comme Varsen n'était pas en vue, décida d'aller faire un tour.
Il rejoignit rapidement l'orée de la forêt où il devait maintenant trouver une excuse pour faire venir Elbereth. Il utilisa l’appeau qu'elle lui avait confié et attendit quelques instants. Quand elle apparût enfin, le gaillard ne trouva plus ses mots. C'était un peu étrange pour un conteur de ne plus savoir quoi dire. De ne pouvoir faire aller sa langue quand il avait amplement le goût de le faire. Quand finalement quelque chose sortit de sa bouche, il déblatéra une phrase complètement incompréhensible. Il fut immensément gêné de la situation, mais se reprit plus lentement :
''-Je... je vais bien, ne vous inquiétez pas. En fait... je ne sais même pas ce que je fais ici. Je voulait fuir l'auberge un moment et je n'avais pas envie de rester seul. Si vous voulez bien, on pourrait se promener un moment. Vous avez l'air de beaucoup apprécier la nature. Peut-être pourriez-vous m'apprendre le nom des oiseaux où à reconnaître les plantes comestibles? ou... ou... ou autre chose, comme vous voulez.''
Elli se gratta la tête. Il s'en sortait que trop mal. Pourquoi il n'était pas resté au lit ce matin et attendre tranquillement Varsen avec une bonne bière le reste de la journée?

J'avais rejoint la forêt aussitôt Elli raccompagné à l'auberge. Je mangeai ce soir là quelques fruits puis installai mon hamac dans les branches d'un arbre. Il n'était pas sage pour une femme de dormir seule au sol de la forêt, surtout aux abords d'une ville.

Au matin je m'étonnai qu'Elli n'ait pas cherché à me joindre pendant la nuit. Il tenait plus le coup que je ne le pensais au final et c'était une bonne chose . J'eues même le temps d'aller me rafraîchir à la rivière avant d'entendre les claquements distinctifs de l'appeau que j'avais laissé à Elli . Je pris tout de même le temps de me sécher et de me rhabiller entièrement avant de le rejoindre. S'il y avait une urgence il aurait surement plus insisté.

Il parlait toujours de manière haché, parfois même incompréhensible mais semblait tenir seul sur ses jambes. De ce que je comprenais il avait besoin plus de compagnie que de soin ce qui ne me dérangeait pas .

" Je pourrais difficilement vous apprendre le nom des oiseaux , hormis ceux que vous connaissez sûrement déjà. Je ne suis qu'une fille de paysan et je ne connais pas grand chose au final .
Pour ce qui est des plantes comestibles, il suffit en général de voir si les animaux les mangent pour pouvoir en faire de même sans risque , et éviter les champignons. "

A vrai dire il m'est compliqué d'enseigner mon savoir. Je ressens la nature bien plus que je ne la connais et c'est quelque chose que je ne souhaite pas forcement divulguer. Mon père avait peur que ces dons ne mettent ma famille en danger. Pour me protéger mieux valait ne pas trop en dire.

" Ceci dit j'ai placé quelques petits pièges il y a deux jours et j'aurais déjà dû aller les relever hier, donc si vous voulez vous promener, nous pouvons en faire le tour "

Elli n'ayant pas l'air contre, je m’enfonçais dans les bois assez lentement pour qu'il puisse me suivre. Je ne savais pas s'il avait l'habitude de ce genre de promenade. J'imaginais plus un conteur sur des chemins pavés à chanter pour de grandes dames en général .

Sa compagnie était bien apprécié en ces jours si incertains. La morosité le quitta et il ne pensait plus à Varsen. Comme Elbereth l'avait deviné, Elli peinait à avancer. Il s'arrêta pour s'appuyer sur un arbre et Elbereth s'éloigna quelque peu. Un bruissement dans dans les feuillages détourna son regard de la jeune femme. Il vit une ombre de forme humanoïde puis tout cela disparut. Il rouvrit les yeux, car il s'était apparemment endormi. Ça avait l'air tellement réel. Elbereth était devant lui et semblait un peu inquiète.
-Ça va, je croyais avoir vu quelque chose et comme je reprenais mon souffle, je me suis endormi.
Ça ne tournait pas rond. Une commotion cérébrale ne causait pas ça et le manque dû à la drogue non plus. Il se passait vraiment quelque chose d'étrange. Elli se releva comme si de rien n'était :
''-Eh bien, ils sont où ces pièges? Peut-être qu'on pourrait se préparer quelque chose sur le feu?'' dit-il avec une exagération d'enthousiasme pour cacher son malaise.

J'avais dû revenir sur mes pas quand Elli s'était évanouie . C'était prévisible et c'était pour cela que je n'étais partie pas trop vite, mais ce qui était en revanche étrange, c'était qu'il s'était réveillé sans aucune aide de ma part et sans aucune douleurs ou gène quelconque. Il parlait même mieux que quelques minutes auparavant .

Comme il relançait le sujet sur les pièges, je le guidai vers le plus proche, mais sans le devancer cette fois-ci. Son état m'inquiétait un peu, mais je faisais bien attention à ne pas le toucher sans raison pour poursuivre autant que possible le sevrage.

Quand nous tombâmes sur le piège je pues le récupérer assez facilement puisqu'il était vide, le deuxième et le troisième également... ce ne fût qu'au quatrième, placé plus loin qu'il nous donna un petit lapin . Maigre chasse pour cette fois-ci.
Je pris le lapin dans mes mains pour le calmer et lui brisai la nuque rapidement. C'en était fini de mon image de jeune fille délicate auprès d'Elli, mais je ne comptais pas jouer un personnage que je n'étais pas juste pour le ménager .

Elli était silencieux depuis son évanouissement. J’espérais qu'un repas autour du feu le rendrait un peu plus loquace. Quitte à avoir de la compagnie, autant ne pas rester muet...
Du coup je l'accompagnai vers mon petit campement. Le hamac étant encore suspendu dans l'arbre, je prévoyais de passer une deuxième nuit dehors si Varsen ne nous demandait rien . Et j'entrepris d'allumer un feu pour faire cuire le lapin .

Connaissant quelque peu les bases de la comédie de par son métier de conteur et ne voulant pas inquiéter Elbereth encore plus, Elli cacha son état de façon passable. Il était conteur, pas comédien. Il relatait la plupart du temps des faits très proches de la réalité et n'était certainement pas un menteur, en tout cas pas pour nuire intentionnellement ou tromper. Quand ils arrivèrent au campement de fortune de la jeune femme, le conteur sortit des pommes de son sac et dit :
''-Je les ai pris chez Roberta. Elle sont p'us ou m'ins fr'che... Elles sont plus ou moins fraîches. Pardon, je ne sais pas ce qu'il se passe, je déparle constamment.''
Et voilà que ça le reprenait comme tout à l'heure. Il s'assit près du feu tandis qu'Elbereth s'affairait à préparer le repas. Encore une fois, l'impression d'être observé se fit ressentir, cette fois beaucoup plus forte. Il fixa la forêt pour s'assurer que tout allait bien, quand un cerf au panache immense et acéré fonça sur lui à vive allure.Cette bête avait les yeux injectés de sang, une multitudes de dent pointues et une énorme cicatrice sanguinolente sous son cou. Juste au moment où il allait embrocher le conteur, l'animal disparut et Elli reprit connaissance encore une fois. Quelque chose se tramait ici. Il y avait quelque chose de surnaturel qui lui voulait du mal. Son coeur se mit à battre très vite et la panique s'empara de lui quand cette fois, une dizaine de corbeau se mirent à tourner en rond au dessus de lui, croassant de façon étrange et tordue, presque macabre et volant de façon saccadé et surnaturel. Tandis que le temps semblait se couvrir les corbeaux foncèrent à leur tour vers le pauvre âme et un éclair jaillit du ciel, percutant le jeune homme en plein délire paranoïde droit sur la tête. Il ouvrit encore les yeux... Combien de fois allait-il se réveiller? Était-ce encore un rêve? Elli se leva en panique et de brusques étourdissement le prirent d'assaut. Il tomba à la renverse en se tenant le crâne là où l'éclair avait frappé. Sans qu'il le sache ou qu'il y porte attention,c'était aussi l'endroit où Roberta l'avait frappé deux jours plus tôt. Une écume blanche sortait maintenant de sa bouche et ses yeux s'étaient retournés dans leur orbites comme un homme possédé... Il se serait bien demandé ce qu'il se passait, mais pour l'instant n'en possédait plus les moyens cérébraux.

Après plusieurs minutes d’attente, Mary pointa enfin son beau et jeune visage dans ma chambre où un bain chaud m’attendait. Sa chevelure brune et son décolleté laissant à découvert une grande partie de sa généreuse poitrine, je ne fus pas déçu de l’avoir appelé. Elle m’aida à me déshabiller et à entrer dans le bain rempli à raz bord au préalable par la tenancière.  



‘’-Si j’avais pu te rencontrer avant Mary… J’aurais fait des folies pour toi, tu sais?
-Il n’est jamais trop tard pour les folies mon ange, dit-elle d’une voix douce et suave qui excitait les sens.’’
Je l’embrassai sauvagement, oubliant par le fait même la dure nuit que je venais de passer. Je l’entraînai avec moi dans le bain qui déborda sans même qu’elle ait le temps de retirer ses vêtements. Elle était si belle avec sa courte robe blanche qui était maintenant trempée et transparente. Elle me fit l’amour un court moment qui me fit sembler comme l’aboutissement de tous mes efforts et des nombreux sacrifices encourus. Elle me fit oublier, l’espace d’un instant, les nombreux tourments qui exacerbaient mon âme et qui torturaient mes pensées.
Cela ne dura que peu de temps, mais les dernières pièces d’argent qu’il me restait furent bien investies. Mary m’aida à me mettre au lit puis attendit que je m’endorme pour quitter ma chambre doucement. Je pu enfin récupérer toute l’énergie nécessaire et me réveillai le lendemain matin prêt à prendre la route. Il ne me fallait plus qu'attendre Sparda et les autres, qui je l’espérais, ne me feraient pas faux bond. Je n’avais plus d’argent, mais le poignard serait amplement suffisant pour payer le voyage et peut-être fournir un petit bonus à Sparda s’il faisait bien son travail.

C'était un peu avant le début du repas qu'Elli tomba de nouveau inconscient de nouveau . J'eues à peine le temps de mettre le lapin de côté qu'il se leva brusquement puis retomba en se tenant la tête et sembla pris de convulsion, l'écume aux lèvres et les yeux fous .

Je me précipitai vers lui pour tenter de le toucher comme les fois précédente mais devant le manque d'effet et la violence de la crise, je finis par me placer derrière lui et le maintenir autant que possible entre mes bras...

Elli se retrouva immédiatement enfant, comme si cela avait toujours été le cas. C’était un peu avant la naissance de son frère. Sa mère enceinte dans une robe de nuit blanche, lui chantait une berceuse et tout semblait bien aller. Il était calme et sur le point de s’endormir quand la luminosité du décor changea brusquement. Le visage de sa mère était encore éclairé dans l’obscurité, mais le jeune garçon ne trouvait pas son regard. À la place des yeux, sa mère avait maintenant deux énormes trous noirs, impénétrables. Son visage était livide, pâle et cadavérique. Sa chevelure sombre semblait flotter de façon obscure. Elle chantait encore la berceuse mais quelque chose n’allait pas. Sa voix était maintenant ténébreuse et morbide. Saccadée, la chanson ne semblait plus la même. Les mots étaient inversés et chantés à l’envers. Une peur abominable prit Elli d’assaut jusqu’au fond de ses tripes. Il pleurait d’une atroce façon, mais sa mère continua de chanter jusqu’à ce qu’elle arrive au début de la chanson. Elle resta muette un moment puis… hurla. Elle fut comme aspiré par le néant quand elle tendit une main inhumaine et putréfiée à son enfant avant de disparaître.

Puis Elli se réveilla une fois de plus, mais cette fois peu après la mort de ses parents. Une sombre silhouette sifflait un air lugubre tout en se rapprochant de lui. Elle disparaissait puis apparaissait un peu plus près en faisant des mouvements désordonnés, comme possédée par un succube pestiféré. Elle était sans visage. Une noirceur intense semblait s’engouffrer de sa bouche à ses yeux, laissant sur le rebord  de cette obscurité quelques lambeaux de chaires sanglantes, moisies et corrompues. Le vide qui proliférait en elle semblait pouvoir engloutir tout mouvement, toute chaleur ou souffle de vie. Vêtue d’une robe noire, ténébreuse et en lambeaux, elle laissait paraître des bras frêles et des jambes aussi maigres que les os d’un cadavre momifié depuis des lustre. Cireux et blafard,  rappelant une charogne victime de maladies invasive et purulentes. Il entendit cette  voix gutturale qui résonna dans sa tête comme un écho.

‘’Tu n’as personne… Tu n’as personne d’autre que moi-aaaa…’’
Elli ferma les yeux une fois de plus en hurlant et se réveilla aussi en hurlant. Durant la transe qu’il venait de subir tous les objets, la nourriture et les pierres, s’étaient élevés dans les airs et avaient volé un peu partout. Se fracassant contre les arbre ou éclatant sur le sol. Il était pris d’une panique si intense qu’il hurla encore un moment.

Je ne vis pas tous les phénomènes étranges qui accompagnaient la transe d'Elli. À vrai dire, il me faisait peur et je fermai les yeux comme pour me concentrer sur lui.
Il ne réagissait plus à mon toucher, comme si le mal qui le touchait n'était pas naturel .

Par pur instinct je me collai contre lui, passant mes main sous ses vêtements pour le toucher au plus près du cœur avant qu'il ne supporte plus la violence de la crise. Ainsi collée derrière lui, il ne pouvait plus m'atteindre avec ces bras ou ses coudes et ne risquait pas de me blesser sauf s'il se jetait volontairement en arrière .

Ses cris masquaient tous les autres sons de la forêt et je priais pour que sa crise passe sans encombre. Je n'avais aucune drogue sur moi qui pouvait le sortir d'affaire miraculeusement...

Il avait laissé Varsen aux bons soins de la tenancière de l'auberge. Celle-ci semblait savoir y faire avec ses clients. Sans se poser plus de questions, Sparda utilisa une faible partie de ses économies afin de se prendre une chambre, son compagnon de voyage étant déjà sur place.

La chambre était rudimentaire, mais propre. Il y posa dans un coin son lourd sac de matériel, et se rafraîchit à l'aide d'un bac d'eau claire. Conscient que son voyage l’amènerai a croiser bon nombre de personnes, il se devait de faire bonne impression, porter des vêtements dignes de son rang, ne pas laisser penser qu'il était un pauvre bougre de la campagne.

Ainsi, Sparda tailla sa barbe afin de donner l'impression qu'il l'entretenait, mi-longue, juste assez pour donner du charme. Il sorti de son sac à dos une tenue de cuir clouté grisâtre souvenir de la gloire passée de sa famille. Se genre de tenue légère mais extrêmement robuste était privilégié par les fantassins de la garde royale, lors des missions nécessitant d'être agile, ou à l'entraînement.



Le lendemain, ses jambes moins douloureuse, et l'épaule moins cisaillée, Sparda récupéra ses affaires, et se rendit au bar, afin de rendre les clefs de la chambre, et d'attendre ses compagnons. Il commanda par la même occasion un peu de lait, qui, sans être infâme, n'était pas particulièrement bon.

Ce voyage lui semblait déjà bien mal engagé, il se trouvait à présent seul, ses compagnons éparpillés au quatre vents, à attendre dans une taverne miteuse...

Detlev conduisait sa monture volée sur la route menant à Shamar depuis de nombreuses heures déjà lorsqu'il aperçu enfin la ville. Il faisait nuit depuis quelques heures mais cela ne l'avait pas réellement dérangé. Les dangers de la nuit semblait se tenir à l'écart. Les animaux sauvages semblaient se tenir à l'écart. Quant aux brigands... Hé bien le sang et la terre qui maculaient la moitié de son visage et une bonne partie de ses habits recouvrant son armure semblait les dissuader de s'approcher.

Certes il y a une heure environ quelques brigands avaient cru avoir à faire à un mercenaire blessé se dépêchant de rentrer pour panser ses blessures et lui avaient tendu une embuscade à la va-vite. Detlev était alors descendu de sa monture, avait pris deux pas vers le jeune brigand qui lui barrait le chemin, avait écarté la tête de la trajectoire du carreau d'arbalète que le gamin avait lâché dans sa direction générale et lui avait planté son épée dans le cou, qui bloqua contre l'échine du brigand. Sans prendre la moindre mesure pour les deux autres derrière lui, il avait déloger la lame du coup du gamin et avait fini de lui sectionner la tête d'un autre coup, figeant la surprise sur le visage du brigand. Lorsqu'il s'était retourné, ses deux comparses finissaient de détaler dans les fourrés.

Et cela faisait maintenant une heure qu'il avançait sur le dos de sa monture, pour enfin apercevoir sa destination. Dans l'instant, il senti comme un regard se poser sur lui et sa monture frissonna. Puis une voix résonna dans tout son corps :

"Tu arrives enfin?
-Oui, répondit-il dans un murmure.
-Je vois que tu as conservé cette vieille bête. Je t'avais dit de trouver un moyen plus rapide. Et qui ne se laisse pas émouvoir par ma simple présence.
-Désolé seigneur, je n'ai pas trouvé de nid de dragon sur la route pour en convaincre un de me mener à destination."

En réponse à ses paroles, Detlev senti une vive douleur au dans sa poitrine.

"Désolé, railla la voix. Il semblerait que j'ai par mégarde ordonné à ton cœur d'arrêter de battre. Heureusement que je m'en suis rendu compte à temps.
-Oui, heureusement, haleta le guerrier entre ses dents. Sinon, qui aurait accompli ma mission?
-Tu joues dangereusement avec le feu, petit homme. Si tu n'étais pas doué pour tuer... Enfin bref, tu devrais te reposer avant d'entrer en ville.
-Seigneur, je n'ai aucun doute que vous soyez le plus à même de gérer tout ce qui tourne autour des machinations et des trahisons dans ce partenariat que nous avons, mais je vous assure que vous pouvez laisser les considérations sociales à mon attention.
-J'espère..."

Le cheval sembla se détendre alors que l'attention de Sal'gan se portait ailleurs. Detlev soupira, autant de fatigue que de soulagement. Quel que soit la raison de l'intérêt que le démon portait à ce type qu'il lui avait demandé de surveiller, il valait mieux qu'il soit facile à vivre. Après tout, la majeure partie des missions qu'un homme devait accomplir dans sa vie pouvait très bien se faire avec une seule main.

Passant à côté d'un rocher au bord de la route, Detlev sorti de ses pensées, attrapa son sac qu'il avait accroché à la selle du cheval ainsi qu'une branche qu'il avait taillé en pointe au cours de la dernière heure avec son couteau et descendit de monture. Machinalement, il inclina la tête sur le côté pour éviter la ruade du cheval, se demandant si le démon l'avait à ce point marqué pour que tout le monde veuille à ce point lui maltraiter le visage, planta la branche d'arbre pointe vers le haut, sorti de son sac un tissu sanguinolent qu'il retira de la tête du brigand et qu'il planta sur la pique e guise d'avertissement. Puis il s'adossa au rocher et ferma les yeux, comptant sur la puanteur démoniaque que seuls les animaux semblaient réellement percevoir pour passer une nuit au calme.

Il se réveilla plus tard alors que la lumière du soleil perçait faiblement à travers ses paupières. Il se passa la main sur la gorge par réflexe, toujours heureux de la retrouver intact, tout en détournant son regard du soleil avant d'ouvrir les yeux. Il resta un bref instant, profitant de la chaleur qui semblait chasser la froide emprise du démon sur son corps puis se leva et finit la route à pied.
Arrivé à la porte, un garde lui jeta un regard en travers avant de se placer sur son chemin.
"N'ayez crainte, le rassura-t-il d'une voix volontairement faible, je ne suis pas venu amener des ennuis. En vérité, je les fuis. J'ai été attaqué sur la route par des brigands et je cherche désormais un endroit pour me laver et acheter quelques provisions avant de reprendre la route.
-Vous avez été attaqué? Vous insinuez qu'on fait mal not' travail?"

Detlev retint un autre soupire. Puis il remarqua les cernes du garde. Il s'agissait certainement du garde de nuit et la relève se faisait désirer.

"Non, loin de moi une telle idée. Après tout, je ne suis qu'un simple voyageur. Je n'ai aucune idée des difficultés inhérente à la patrouille des routes. Mais vous m'avez l'air fatigué. Faites moi plaisir et offrez vous une boisson qui vous requinquera lorsque vous aurez fini votre service, conclut-il en prenant une main du garde qui se redressa, prêt à saisir son arme pour punir cette impudence, avant de sentir le contact caractéristique de quelques pièces d'or."

"Oui, je ne suis qu'un simple voyageur, et je sais très bien qu'où qu'on aille, il faut être prêt à se séparer de quelques pièces d'or pour travailler en paix..." pensa-t-il avec désabu...

Une fois la porte passée, Sal'gan reporta son attention sur le guerrier pour le guider en forçant l'irritation dans sa voix. Sur le chemin, l'humain profita de la présence d'un marché pour acheter des habits de rechange, ignorant les regard vers l'imposante tâche de sang qui le maculait du visage aux hanches.

Finalement, il arriva devant l'auberge où on lui avait dit de retrouver un certain une petite-frappe qui préparait un coup. Ou quelque chose dans le genre.
"Fais attention aux détails! siffla le démon. Peu m'importe cet insignifiant humain pour l'instant. Contente toi de t'assurer que le joyaux qu'il cherche tombe dans les bonnes mains.
-Et ces mains là ne sont pas les vôtres, pour une fois?
-Très drôle. Continue ton insolence et je te jure que la prochaine fois que j'aurais des mains physiques elles viendront se lover autour de ta gorge."

L'humain ignora la menace vide du démon et entra. La salle était peu ou proue vide quand il entra. La seule personne qui se démarquait était un homme bien bâti, à première vue un autre guerrier, semblant lui aussi attendre. Detlev lui adressa un hochement de tête franc en le regardant droit dans les yeux, salutation qu'il réservait aux confrères.

"J'avais oublié quel sentimental tu étais. Bien, visiblement notre homme n'est pas là. Profites-en pour te laver. Tel que tu es, j'ai l'impression qu'il serait plus facile de le convaincre de t'accepter si je me présentai directement à lui. Je me pencherai à nouveau sur toi quand il sera là.
-Vous ne souhaitez pas rester pour profiter de l'ambiance?
-Si tu parles du moment où tu vas te déshabiller pour laver ton ridicule corps d'humain, non merci. J'ai déjà rit aujourd'hui."

Detlev secoua lentement la tête en se dirigeant vers le comptoir où il négocia un repas et un accès à une salle pour se laver, ce qu'il fut enjoint à faire au plus tôt.
L'eau chaude était comme une bénédiction, surtout juste après le passage de son maître. Il ne fit toutefois pas durer le plaisir : il ne voulait surtout pas rater la personne sur qui son maître voulait qu'il veille. Et de plus, si le démon reportait son attention sur lui alors qu'il était encore en train de se laver, il n'entendrait jamais la fin des moqueries de l'entité millénaire.
Une fois propres, il mis ses habits, puis son armure de cuir recouverte de mailles sur les épaules et le torse et mis finalement un chaperon qui recouvrait presque entièrement les mailles. Il alla se regarder dans un miroir et comprit enfin que les regards qu'on lui avait jeté sur le marché étaient autant pour son visage maculé que pour le visage en lui-même. Son visage blême et émacié ainsi que ses yeux cernés trahissaient une fatigue profonde. Mais avec un peu de chance, il pourrait bientôt réellement dormir, ayant quelqu'un qui veillerait durant les nuits.

Il dégaina son couteau et fit quelques entailles dans le chaperon pour laisser apparaitre les mailles de son armures, ces dernières ayant pour rôle d'arrêter les coups autant par leur solidité que par leur pouvoir dissuasif, puis, satisfait par son apparence générale, retourna dans la pièce principale où il commanda en plus une bière avant d'aller s'installer non loin de l'autre homme en attendant son repas. Une fois assis, il leva sa chope en jetant un regard à l'autre homme dans la salle avant de lui demander :
"Vous aussi vous avez rendez-vous?"

__________

Sal'gan se retourna une fois de plus dans sa gemme, contemplant les ruines de sa citadelle, perdu dans ses pensées tandis que ses serviteurs s'affairaient autour de son autel. Peu après, arrivé à une conclusion, il replongea sa conscience vers un de ses élus, un des plus fiables qu'il avait pour l'instant. Si fiable qu'il envisageait presque de le libérer de son emprise pour qu'il puisse continuer à le servir sans qu'il subisse la corruption de son maître. À peine sa conscience effleura l'esprit de l'élu, ce dernier tourna toute son attention vers le démon :
"Maître?
-Finalement, ce n'est pas la peine de revenir immédiatement avec les fragments que tu as trouvé. Je te fais confiance pour les conserver un peu plus longtemps.
-Maître? demanda l'élu, cette fois-ci plus intrigué.
-Diriges-toi vers Shamar. Detlev m'inquiète. Je ne suis pas sûr que cet impotent arrive à mener à bien sa mission.
-Bien, Maître."

Sal'gan rompit le contact pour reporter son attention sur son autel. Un autre de ses serviteurs attendait à distance respectable de la gemme.

"Pas maintenant. J'ai d'autres choses à faire.
-Soit."

En réalité, le démon n'aimait pas ce serviteur ci. Enfin, encore moins que les autres. Il le mettait mal à l'aise. Lui! Un démon!
Non seulement Detlev faisait pâle figure à côté de cet autre humain en terme d'insolence, mais il aoutait aussi la suffisance. Et il semblait aussi toujours prévoir ce que le démon allait lui dire, toujours prêt. Sal'gan n'était pas encore arrivé à le prendre de cours, et cela l'agaçait. Mais en même temps, il semblait être quelqu'un d'ambitieux, ce qui amenait toujours les humains à se damner, et était sommes toutes très efficace.

Sal'gan chassa ces pensées de son esprit et reporta son attention vers son élu à Shamar, prêt à reprendre contact avec lui dès que la petite-frappe serait dans son champ de vision, pour lui intimer l'ordre de prendre contact avec lui et de lui offrir ses services gratuitement. Ou plus, s'il le fallait...

La vision d'horreur que venait d'avoir le jeune homme se dissipa tranquillement. Sa respiration revint presque à la normale, mais il tremblait toujours. De grands frissons glacés lui remontaient le long du dos jusqu'à la tête et redescendaient dans ses membres. Ses vêtements étaient imbibés de sueurs, provoqué par sa crise et il claquait des dents. Il devait se concentrer... Elbereth était toujours là, près de lui, comme enlacée pour le secourir. Il eut un petit sourire en coin qui disparut rapidement. Qu'était cette infamie qui l'avait prit pour cible? Et qu'est-ce qu'avait à voir sa mère là dedans? Était-elle damnée pour l’éternité? À cause de lui? De si nombreuses questions pour si peu de réponses. Il voulut s’asseoir, mais Elbereth le retint. Il ne devait pas faire d'effort tout de suite. Elle craignait que ça ne provoque une autre crise et que ça puisse lui être fatal. Il se retourna vers elle et prit la parole, mais comme toutes les fois précédentes où son esprit n’était pas très clair il dit n’importe quoi.
‘’-Je… Je suis am… amoureux.’’
Quel con il faisait. C’était tellement la dernière chose qu’il aurait dû dire dans un contexte semblable.

‘’-Je… Je suis am… amoureux.’

Étonnamment je ne fus pas surprise qu'Elli dise une nouvelle fois n'importe quoi et je ne lui en tenus pas rigueur. J'étais assez endurcie par la vie pour ne pas croire à ce genre de phrases lancé par un homme sortant de transe que je connaissais à peine. Ce n'était pas parce je croyais en la bonté et à l’entraide que j'étais une fleur bleue attendant un prince charmant .

D'ailleurs il n'avait rien d'un prince charmant. Après deux jours de convalescence et d'évanouissement , un manque certain de douche , il avait dû se coucher sans tenter de se laver hier encore et s'était roulé dans la terre en bavant quelques minutes plus tôt. Il faisait clairement plus penser au crapaud de l'histoire .

" À choisir je préfère ça ! "  .

Il était vrai que cette fois, s'il n'avait pas essayé de m'embrasser de force ou de me rejeter sans raison , il valait mieux quelques mots en l'air . Ceci dis je ferais attention à ne pas trop le laisser croire que moi je pouvais avoir des sentiments. Ma gentillesse pouvait vite passer pour une faiblesse d'âme s'ancrer dans ce genre d'idée dans la tête d'hommes plus âgés...

''Reprend tes esprits et je te raccompagnerai à la taverne. Tu à besoin de manger et je ne suis pas certaine qu'un petit lapin nous suffise à tous les deux.''
Je n'aimais pas trop gâcher la viande, mais je ne me faisais aucun soucis sur le fait qu'un animal viendrait le récupérer une fois que nous serions partie.

Une fois qu'il respira mieux, j'enlevai enfin la main de son torse et le laissai seul quelques minutes, le temps de replier bagages. Je n'aimais pas trop la décision que je prenais, mais la dernière crise était trop violente pour que je m'exile de nouveau dans les bois .