Le fond du baril

Il n'était que 19h et il faisait déjà noir. L'hiver commençait à peine à arriver et il faisait un froid de canard à l'extérieur. J'avais déjà détroussé la moitié des gens au bar et bu tout l'argent volé. Il ne me restait même pas assez d'argent pour faire manger ma femme qui m'attendait patiemment dans notre insalubre maison. On parle ici d'un taudis minable d'une seule pièce et sans les commodités bourgeoises du commun des mortels. Une cabane délabrée qui sentait le rancie, la vermine, la pisse et l'humidité. Pas que j'y pissais régulièrement car je n'avais pas de toilette, mais rien de bien douillet qui aurait pu éveiller les sens. Rien non plus qui justifiait la présence de ma femme dans ce qui nous servait de loyer.

Je m'en foutais. Si j'y passais quelques heures par semaine c'était bien assez. Je n'étais même pas sûr de l'aimer. Non. Je ne l'aimais pas... Pas vraiment. Elle comblait un vide de temps en temps, mais rien de plus que combler un vide qui se remplissait beaucoup mieux par l'alcool et les drogues.

Une bagarre éclata juste à côté de moi. Je n'y prêta pas attention jusqu'à temps qu'une pinte de bière se renverse sur moi et dans mon assiette.

-PAS DANS MON BAR!!! hurla Roberta envers l'inconnu qui venait de renverser sa bière sur son nouveau meilleur client.
Elle empoigna son pied de table qui lui faisait office d'arme, sauta par dessus le bar et prit immédiatement part à la mêlée qui devenait rapidement hors de contrôle. Elle cogna si fort le propriétaire de la bière renversée qu'elle se demanda tout de suite si elle l'avait tué. Elle ne porta même pas attention à l'homme qui était en fait l'auteur de l'accident. C'était lui qui avait frappé le premier, mais elle se souciait peu de savoir qui était le coupable.

Elle sourit à l'homme qui avait reçu le dégât de bière sur la tête et s'exclama : ''Non, mais... Aucun savoir vivre ces rustres. Je suis désolé, la maison vous offre votre repas et une autre pinte en compensation. J'espère que vous ne m'en voudrai pas trop mais...''

Elle ne termina pas sa phrase et hurla un cri de guerre pour s'engager une fois de plus dans la mêlée. L'homme devait maintenant être tellement impressionné qu'il reviendrait la voir... Et qui sait, lui donnerait-il, peut-être, avec un peu de chance, un premier rancard.

Après cette rencontre infortuite avec la tenancière des lieux, je ne savais pas trop si je devais rire ou pleurer.Me draguait-elle en me proposant le repas? Pour ma part je savais très bien me battre et les putes faisaient bien mieux mon affaire que n'importe quelle naines de 192 ans.

Je ne voulais pas m'éterniser ici, mais mon ventre criait famine alors j'attendis le repas avec impatience... Mais pas la grosse naine qui venait avec. Si au moins elle avait pu engager quelques serveuses mieux découpées. Elle, elle était tout sauf agréable à regarder. Quoi que son buste cherchait clairement à attirer le regard, tout le reste était à en vomir. C'était bien là le seul talent que j'avais pu lui trouver, sa grosse paire de seins bien engraissée.

La bagarre reprenait de plus belle. Je ne savais plus si je devais attendre mon repas ou partir avant que la milice se pointe. Comme je n'étais pas encore recherché et que mon ventre était encore plus vide que ma coupe de bière, je décidai d'attendre patiemment le retour de ''échantillon-de-madame-aux-gros-seins-mais-pas-trop-jolie-quand-même''.

Après quelques verres payés par son auditoire, Elli commença à déblatérer sur des gens quelque peu connus. Étant en train de relater l'histoire de la femme du forgeron qui voyait, selon la rumeur, un homme différent chaque soir, un homme du public se mit drôlement en colère. Quelles étaient les chances que le forgeron soit en train de l'écouter? Ce dernier le prit au collet et la bière d'Elli se renversa sur un étranger qui mangeait tranquillement son repas.
Quelques secondes plus tard, quelle ne fut pas sa surprise quand une naine le frappa avec un pied de table en plein sur la tête. Il ne put esquiver, ni faire le moindre geste pour se défendre, qu'il s'effondra inconscient. Le forgeron, quant à lui, bien content du dénouement, cracha au visage d'Elli et s'éclipsa. La cohue était telle, que le conteur d'histoire se fit piétiner plusieurs fois avant que quelqu'un ne le tire à l'écart. Il venait peut-être de lui sauver la vie... Ou peut-être pas. Quoi qu'il en soit, Elli venait de contracter une certaine dette envers lui et dès qu'il reprendrait conscience, ferait tout pour la rembourser au plus vite. Le conteur n'aimait pas tellement être redevable envers les autres, mais aimait beaucoup que l'inverse se produise.

Comme mon repas n'arrivait pas, je me levai pour quitter le bar quand j’aperçus finalement le responsable de mon ventre vide se faire piétiner sans que personne n'intervienne. Après tout, ne méritait-il pas son sort étant donné les propos qu'il avait tenus plus tôt? Je me dirigeai vers la sortie sans y prêter attention quand j'entendis un crac bien sonore qui provenait très probablement de sa cage thoracique. Quelqu'un venait de trébucher lourdement sur le double inconscient qui me faisait maintenant doublement chier.

Je revins vers lui un peu à contrecœur et le tirai vers une pièce vide à l'arrière de la taverne que j'avais remarqué plus tôt en cherchant les toilettes. La porte n'étant pas verrouillée, nous tombâmes sur une genre de salle de réunion qui devait être louée à l'occasion par des entreprises qui n'avaient certainement pas les moyens d'aller ailleurs. J'étendis le jeune homme sur un vieux divan poussiéreux de couleur mauve et de très mauvais goût. Je m'assis sur un fauteuil à côté de lui et sorti ma vieille pipe. Non pas que j'avais le goût de jouer aux infirmières, mais maintenant que je l'avais sauvé, il me devait quelque chose et j'allais certainement en profiter quand le temps viendrait. Encore fallait-il que je sois là à son réveil.
Tandis que je fumais ma pipe tranquillement, la porte s'ouvrit à la volée et je ne pu m'empêcher de dire d'une voix forte et rauque : ''NON MAIS!! C'EST UN SALON PRIVÉ ICI!!''

Elbereth était arrivée en ville le matin même et cherchait un endroit ou passer la nuit au chaud . Elle avait tiré quelques pièces de la vente de grigri aux marchés et pouvait se permettre un peu de repos en ville avant de retourner en forêt .

Des cris et des bruits de bagarres permirent a la jeune fille de deviner l'emplacement de la taverne la plus proche. Elle ne se faisait pas trop d'illusion sur les lieux mais décida quand même d'y entrer. D'allure frêle sous sa cape, personne ne lui cherchait des noises en général car elle passait facilement pour une serveuse ou une paysanne inintéressante.

Sans surprise elle tomba sur une scène de débâcle standard dans ce genre de lieu . De la bière renversée, des tables amochées, une tenancière en colère qui tentait de maintenir le calme à sa manière, rien de très exotique .

Cependant quelque chose attira tout de suite son regard, un homme à terre et apparemment mal en point était en train de se faire tirer par les bras dans une pièce annexe... ne souhaitant pas s'attirer d'ennui elle se dirigea simplement vers le bar, prit un chiffon qui traînait par là pour éponger la bière ou l'urine qui imbibait le tabouret le plus proche et tenta de commander un repas chaud . Tout en gardant un oeil sur la porte arrière au cas où ...

Roberta finit par retourner à ses fourneaux pour cuisiner le repas qu'elle avait offert à l'étranger quand elle sentit une mauvaise odeur. Une odeur dont elle avait un vague souvenir, mais dont elle ne pouvait se rappeler la provenance. Elle passa de l'autre côté du bar où l'odeur était encore plus fort. Elle allait vomir dans un sceau quand elle aperçut une jeune femme bien frêle qui détonnait avec ses clients habituels.
Roberta s'avança vers elle pour la servir. L'odeur nauséabonde étant de plus en plus forte, elle se demanda pourquoi personne ne semblait incommodé.
-Comment puis-je vous servir? Dit Roberta avant de se plier en deux, prise par des hauts le cœur.
La jeune femme commanda de quoi manger et Roberta lui demanda de bien vouloir payer avant. Elle voulait être sûre d'avoir son dû. Heureusement pour la jeune femme, elle sortit amplement de quoi payer le repas et une bière digne de ce nom. Roberta lui en apporta une sans qu'elle l'ait demandée et se mit rapidement au travail. Avec l'argent qu'elle venait de ramasser, l'odeur ne lui dérangeait plus tellement les narines. Pas une sommes rondelette comme on pourrait se l'imaginer, mais ici rien ne coûtait cher, alors un sous ou deux de plus faisait le bonheur de la tenancière.
Elle apporta son assiette à sa jeune cliente : Des pommes de terre rôties au four avec deux généreuses tranches de côtelettes de porc dans une sauce brune épaisse.
-Faites moi signe si vous voulez quelque chose. Moyennant une ou deux pièces de plus, je peux vous fournir bien des choses que vous désirez.
Oui l'odeur de l'argent avait maintenant bien masqué l'autre odeur désagréable de tout à l'heure. Roberta s'y était d'ailleurs accoutumée maintenant.

Le repas ne se fit pas attendre, Elbereth n'étant que peu attachée à l'argent, elle payait toujours un peu plus cher en échange de tranquillité et de rapidité. Cependant la patronne était très généreuse dans ces portions, tant mieux car la jeune femme ne mangeait que peu de viande et évitait la bière en général, mais les pomme de terre noyées dans la sauce auraient suffit pour deux repas au moins .

Une drôle d'odeur avait envahi la pièce mais ne semblait pas provenir du repas. Elbereth habituée à ne pas poser trop de question déplacée mangea donc sans broncher , espérant secrètement que les chambres seraient un peu plus propres que le reste de l'auberge .
La porte où avait disparu le blessé l'intriguait toujours , mais elle sentait bien que c'était une source de problèmes que de fourrer son nez là-bas... mais elle ne pouvait s’empêcher de la regarder.

Après avoir servi sa jeune cliente, Roberta voulu aller servir l'étranger qu'elle avait eu le bonheur de séduire un peu plus tôt, mais elle ne le trouvait nul part. Pourtant elle surveillait toujours les entrés et sorties dans son auberge et elle aurait pu parier son établissement qu'il n'était pas sorti. Elle fit le tour des tables avec le repas qui refroidissait dans ses mains pour s'assurer qu'il n'était pas là. À la fin de sa tournée elle tomba face la salle de réunion et entendit quelqu'un tousser à l'intérieur. Elle ouvrit la porte d'un coup de pied spectaculaire et fut aussi mal reçue qu'on pouvait l'imaginer.
-''NON MAIS!! C'EST UN SALON PRIVÉ ICI!!'' dit l'étranger.
-''Peut-être bien, mais c'est mon salon privé. Si vous voulez toujours votre repas, je vous conseille de changer de ton.'' Répondit Roberta plus calmement qu'elle ne l'aurait imaginé. Elle déposa le repas sur la table et remarqua alors l'homme qu'elle avait assommé un peu plus tôt. Il était toujours dans le coma et comme son bel étranger semblait veiller sur lui, elle se mit à avoir quelques remords. Elle alla chercher des couvertures dans une autre pièce ainsi qu'un remède bien Shamarien. En sortant de la pièce, elle remarqua sa jeune cliente en train de les épier. Du moins c'était ce qui lui semblait, mais c'était difficile à dire.
Roberta se rendit de l'autre côté du bar pour prendre un petit sachet de poudre blanche qui ferait office de remède. Elle vit que la jeune femme regardait toujours la porte du salon privé du coin de l’œil et décida de lui demander de l'aide : ''Mademoiselle, je vous offre une chambre pour la nuit si vous voulez bien me donner un petit coup de main. J'ai un client dans l'autre pièce qui est un peu mal en point et j'aurais besoin de quelqu'un pour veiller sur lui un certain temps. Je manque cruellement de main d'oeuvre ces temps-ci et je ne pourrai pas tenir les lieux toute seule encore longtemps.''

Mais pourquoi Roberta insistait-elle pour s'occuper de moi? Je n'avais que faire de l'attention qu'elle pouvait me donner. Par contre le repas était le bienvenu. Une généreuse portion de pommes de terre avec des côtelettes de porc. Si l'auberge était dans un état déplorable, la bouffe était succulente. Je m'empiffrai comme un porc puis ressorti ma pipe. Cette fois ce ne fut pas du tabac que je mis à l'intérieur, mais un peu d'opium. Ça allait m'aider à relaxer, mais surtout à endurer cette saleté de naine qui ne voulait plus décoller.
Quelle ne fut pas ma surprise quand Roberta revint avec une jeune fille pour l'assister. Roberta avait fourré tellement de couvertures et d'oreillers dans les mains de la jeune fille qu'on ne voyait même plus son visage. Quand elle déposa le tout, je fus quelque peu surpris de voir qu'un tel être puisse se retrouver dans ces lieux mal famés. Quand j'eu fini de fumer ma drogue, je titubai en m'avançant vers la nouvelle pour me présenter.
-Je m'appelle Varsen. Roberta a enfin... a enfin fini par trouv... trouver quelqu'un qui soit agré... agréable à regarder...
J'avais de la difficulté à articuler était donné que la drogue faisait son effet. En voulant lui serrer la main, je trébuchai dans une latte du plancher et tombai directement sur la petite. Elle tomba à son tour et je me retrouvai bien plus près d'elle que je n'aurai pu l'espérer. Le visage entre ses seins et moi par dessus elle, je pris une grande respiration pour profiter un peu du moment et sentir la douce odeur de son buste. En essayant de me relever, je constatai qu'elle était bien jeune. Je me rassis finalement sur une chaise et repris ma pipe pour fumer cette fois, un peu de tabac, histoire de reprendre mes esprits.

''Mademoiselle, je vous offre une chambre pour la nuit si vous voulez bien me donner un petit coup de main. J'ai un client dans l'autre pièce qui est un peu mal en point et j'aurais besoin de quelqu'un pour veiller sur lui un certain temps. Je manque cruellement de main d'oeuvre ces temps-ci et je ne pourrai pas tenir les lieux toute seule encore longtemps.''

La tenancière venait de me tirer de mes pensées ...
L'offre était honnête , tant que je serais logée à l’œil je pouvais bien donner un coup de main . Puis cela me permettrait d'aller regarder de plus près ce qu'il ce passait derrière.

Ni une ni deux je me retrouvai cacher sous une tonne de coussin et couverture, tentant de suivre la patronne à l'oreille.
En déposant le tout je pu regarder la pièce au fur et a mesure. Une table et des canapés usées en meublaient une grande partie. Sur l'un deux était encore inconscient l'inconnu que j'avais aperçu tout à l'heure et pas loin de lui, l'homme qui avait du le tirer jusqu'ici. Plutôt jeune, avec de long cheveux bruns, je ne savais pas trop quoi en penser. Était-ce un tueur ou un bon samaritain ?

Il tenta de se lever pour se présenter, mais apparemment la bière avait un peu trop coulé ce soir ... À peine eut-il le temps de dire quelques mots décousus, qu'il me tombait dessus et n'arrivait qu'a peine à se relever... Je n'avais pas vraiment l'habitude d'être en contact aussi longtemps avec quelqu'un , encore moins un homme . Et coincée entre un alcoolique et de la pierre froide, je ne voyais pas comment apprécier la situation .

Une fois assise de nouveau, je pris le temps de m’épousseter. Je regardai Roberta d'un air un peu énervé, mais devant le manque de réaction de celle-ci, décidai de me présenter à mon tour .

''Moi c'est Elbereth, je viens juste donner un coup de main, mais je ne travaille pas ici''

Pas question de me laisser enfermer dans un rôle de bonniche que je comptais laisser tomber après une ou deux nuits de sommeil ailleurs que sous un arbre.

"C'est gentil d'avoir amener cet homme un peu plus au calme, mais je vais prendre le relais. Je ne crois pas que vous soyez en état d'en faire plus ce soir. Si vous voulez, il reste une bière pleine au comptoir. Je vous la donne''

J'espérais ainsi me débarrasser de Varsen au plus vite. Il me semblait être un obstacle entre moi et mon lit !

-Il n'est pas... pas... pas question que je le... que je le quitte des... des yeux!

Si je n'étais pas là à son réveil, il s'esquiverait sans payer sa dette. Je n'avais pas l'intention de m'en aller. Roberta déposa un sac sur la table et conseilla à Elbereth d'en donner à l'inconscient lorsqu'il se réveillerait. Avec ça, il serait comme neuf dans le temps de le dire. J'attendis que la tenancière file retrouver sa clientèle et je m'emparai du sac en question sous les yeux un peu inquiets de la demoiselle. J'ouvris le sac et constatai avec satisfaction qu'il s'agissait de cocaïne d'une qualité assez intéressante. Je pris une certaine quantité de la poudre magique et fis une ligne que j'aspirai avec une paille prévue à cet effet que je traînais toujours avec moi. Avec ça, je pouvais maintenant passer la nuit et articuler plus d'une phrase sans buter sur mes mots. Je pouvais aussi prendre le temps de discuter avec la nouvelle venue et peut-être profiter d'elle au moment opportun.

-Je suis désolé pour tout à l'heure, je n'étais pas moi-même. J'aimerais bien savoir ce qui vous amène ici? Pour ma part je suis à la recherche d'une antiquité très rare qui vaut également très cher. Je ne veux pas m'emballer, mais j'espérais trouver dans cette auberge un peu d'aide pour venir à bout de ma quête...

Je pris un regard un peu plus sombre et mélancolique pour bien jouer mon rôle de manipulateur accompli et ajoutai :
-Ma famille s'est fait dérober un joyau inestimable et très puissant il y a quelques mois. Mon père m'a demandé de le retrouver ou de subir le déshonneur si je revenais bredouille. Si j'échoue dans ma quête... je... ne sais pas ce qui adviendra de moi. Plutôt me suicider que de revenir devant mon père sans avoir retrouvé le joyaux...

Je venais de lui demander son aide sans vraiment le faire. Un léger sanglot dans la voix, l'imposture était parfaite! J'espérais maintenant avoir eu toute son attention en parlant de richesse que je pourrais éventuellement partager avec elle si elle le désirait.

Un personnage étrange et grossier... voila ce que je retiendrais de Varsen.

À peine Roberta fut sortie de la pièce qu'il se permettait de se servir dans le remède qu'elle avait laissé sur la table ...

Ceci dit, ça semblait très efficace. Il avait retrouvé ses esprits en un rien de temps et s’exprimait beaucoup plus clairement à présent;
Sans avoir été sollicité, il décida de déballer sa vie et ses états d'âme . Un Joyau perdu lui permettrait de rentrer dans sa famille ? Mais qu'elle famille traitait comme cela son enfant ?
Ah oui la mienne aussi était un peu dans ce genre...

'' Tu sais, avoir un père n'est pas essentiel en ce monde. "
...

'' À ton age en général un homme est sensé se débrouiller seul "

Parfois je ne maîtrisais pas bien les mots qui sortaient de ma bouche , mais le numéro de larme d'un alcoolique drogué ne risquait pas de me troubler. Encore moins s'il abordait le thème de la famille.

Sans prêter plus attention à Varsen, je m'approchai de l'inconnu inconscient et m'agenouillai devant lui . Ma cape me gênant, je m'en servis pour le couvrir. Elle était sans doute moins puante que les draps de Roberta. Je lui pris une main, cherchant son poul et posant ma deuxième sur sa tête. Peut être mes dons m'aideraient-ils à lui faire reprendre assez connaissance pour qu'il puisse prendre un peu du remède miracle.

Elli revenait à lui tranquillement sans savoir s'il était encore dans un rêve ou si c'était la réalité. Une fille magnifique lui tenait la main et semblait s'occuper de lui comme elle le pouvait. C'était sa femme? Il ne savait plus qui il était et où il se trouvait. Il tenta de l'embrasser, mais comme elle s'écartait, il tomba lourdement sur le sol. Un bruit strident retentit dans ses oreilles et une migraine intense lui prit la tête. Elle n'était clairement pas sa femme, mais plutôt une inconnue qui tentait tant bien que mal de lui venir en aide.
Après sa chute malheureuse, l'homme s'approcha de lui et lui expliqua comment consommer un remède qui semblait quelque peu douteux. Elli suivit ses indications à la lettre et reprit ses esprits en un rien de temps. Après avoir eu des explications quelque peu improbables, il sut qu'il avait une dette envers ce Varsen. Il ne savait pas trop à quoi s'attendre, mais un joyau précédemment dérobé venait de devenir l'objet de sa quête. Apparemment il se trouvait dans les environs, mais il n'avait pas plus de détail. Elli devait aider Varsen à trouver les informations nécessaires pour retrouver ce rubis volé.
Il se tourna ensuite vers la fille qui était restée muette jusque là et lui présenta ses excuses pour ce qui s'était passé à son réveil. Varsen lui jeta un regard antipathique, mais resta silencieux lui aussi.
-Vous faites partie de cette quête aussi mademoiselle? Comment une fille comme vous peut-elle s'embarquer dans une aventure qui me semble aussi sordide? De mon côté je cherche mon frère. Mes informateurs m'ont menés jusqu'ici, mais je ne suis pas certain de la véracité de leurs dires. Il y aurait vraisemblablement des hommes fréquentant cette auberge qui auraient peut-être de l'information... Pour l'instant si ni l'un ni l'autre n'avez de renseignement à ce sujet, je dois dire que je devrai m'acquitter de cette dette qui m'incombe envers monsieur Varsen.
L'homme sourit. Il semblait bien heureux de cette situation si improbable. ''Que pouvais-je faire d'autre?'' pensa Elli. On ne lui laissait pas le choix.

L'homme inconscient reprit finalement ses esprits peu après qu'Elbereth se fut portée à son chevet. Comme si elle avait le don de réveiller les morts et en plus de les envoûter pour qu'ils soient sous son charme. Avec moi ça ne marchait pas! Je n'étais pas de ces êtres qui se laissaient manipuler si facilement. Ou du moins, tant qu'on n'était pas tous les deux nus sous une couverture, son charme pouvait bien aller se faire foutre. Quoi qu'il en soit, je ne laissai pas le temps à la demoiselle de s'approprier les bon soins que l'homme avait reçu. Je pris les devants immédiatement et lui expliquai clairement qu'il me devait la vie. Je lui demandais un minuscule service en retour et je m'attendais bien à ce qu'il en réponde de façon affirmative.

Comme il restait encore beaucoup de cocaïne, j'en pris une seconde ligne et mis le reste dans mon sac. Je me doutais bien que Roberta n'allait pas réclamer la balance si je l'informais que l'inconnu en avait encore besoin. J'écoutai ses divagations  sur son frère et pris encore les devants lorsqu'il nous interrogea : ''J'aurai peut-être certaines réponses à  vous fournir lorsque le temps sera venu. Pour l'heure nous devons prendre un peu de répit car nous aurons beaucoup à faire demain matin. Quant à vous mademoiselle, si vous ne voulez pas d'une récompense à la hauteur de vos espérances, vous pouvez nous laisser immédiatement. Je ne sais pas d'où vous venez, mais je doute que vous vouliez continuer inlassablement cet emploi minable de bonne à tout faire.''
Le visage d'Elbereth semblait maintenant circonspect. Elle semblait analyser toute l'ampleur de ma requête et mesurer les risques vis-à-vis des gains potentiels qu'elle pourrait empocher. Pour ma part je ne savais même pas pourquoi je l'invitais ainsi à se joindre à nous. Hormis ses très modestes talents de ''guérisseuse'', je ne voyais pas tellement l'intérêt de l'intégrer dans le groupe. Elle n'avait toujours pas relevé son jupon pour me permettre quelques bassesses et il commençait à se faire bien tard.

Je me répétais, mais Varsen était vraiment odieux, je ne comprenais pas son comportement envers l'homme que l'on venait de réveiller.

J’espérais que son attitude était dû à la drogue et j'étais moins choquée par la tentative de baiser d'Elli qui s'expliquait facilement par sa désorientation ...

Du coup Elli se retrouvait embarqué de force dans la quête douteuse de Varsen alors qu'il avait sa propre quête qui semblait beaucoup plus noble au premier regard, malgré que je n'aimais pas trop parler de famille en général.
Cependant Varsen avait raison sur un point, je n'allais pas continuer à jouer la bonne ici éternellement, d'autant que mon espoir de passer quelques nuits au chaud s'envolerait avec les deux hommes.

Les gains ne m'inspiraient que peu. Je savais pertinemment que l'argent attirait les problèmes et je n'en avais pas forcement grand besoin pour survivre. Cependant, n'ayant rien de mieux à faire, accompagner les deux hommes me semblait être une option , d'autant qu'Elli aurait peut-être encore un peu besoin de mes dons de guérisseuse.

Je recherchais de nouveau le contact d'Elli pour prendre son poul. Il était trop rapide, sÛrement à cause de la consommation de  drogue. Son ralentissement futur provoquerait l'effet de manque. Même si mes pouvoirs étaient faibles, il pouvait sur le long terme et à force de contact, aider au rétablissement de ce genre de problème. Cela pouvait s’avérer utile mais j'était loin de guérir de vraies blessures.

" C'est entendu, je vous accompagnerai un peu " lançais-je à l'attention de Varsen sans lâcher le poignet d'Elli, qui ne cherchait pas forcement à se dérober .

" Eli à encore besoin de soin, nous profiteront de la nuit pour nous reposer "

Puis je me tournait vers Elli :

" Roberta nous a préparé une chambre avec deux lits pour que je puisse te veiller cette nuit. Avec le coup que tu as reçu, tu a besoin de surveillance pendant ton sommeil donc soit tu restes ici avec Varsen soit tu profites de ton lit la haut, mais ne me demande pas si la patronne compte te faire payer ou non ! "

Quoi? Je n'en croyais pas mes oreilles! C'était grâce à moi si la vie d'Elli était sauve, c'était grâce à moi si ces deux là avaient l'opportunité de devenir riches et c'était aussi grâce à moi s'ils avaient un lit où dormir... Et c'était lui qui se retrouvait dans la même chambre? Je ne savais pas trop quoi en penser. Des remerciements auraient été la moindre des choses, mais la nuit filait et il fallait bien dormir.
-Soyez ici à la première heure demain matin où je viens vous réveiller à grands coups de pieds dans le cul.
Les deux imbéciles partis, je ne trouvai pas la sommeil. J'avais aspiré trop de cocaïne et mon cœur battait la chamade. J'ouvris ma ''trousse de premiers soins'' et regardai ce qu'il me restait : Cannabis, opium, crack, cocaïne et même quelques champignons qui pourraient servir éventuellement. Je pris l'enveloppe remplie de cannabis et en ajoutai à ma pipe. Quelques instants plus tard, je planais carrément. Je m'endormis sur ma chaise inconfortable au lieu de simplement aller m'étendre sur le divan qu'Elli avait utilisé plus tôt. Il faisait bien chier celui-là. Il était sûrement là à s'envoyer en l'air alors que moi je passais une nuit de merde. Il me revaudrait ça et elle aussi. J'allais les coincer assez longtemps pour tirer d'eux un maximum.

Elli s'était fourré dans quelque chose qu'il allait regretter. Ce n'était pas dans sa nature d'agir dans l'intérêt de quelqu'un d'autre. De plus, Varsen ne semblait pas être le genre d'homme qui partageait fortune familiale. Si fortune familiale il y avait, bien entendu. Le conteur était énervé. Il aurait bien pu sauter à la gorge de ce maraud, mais quand Elbereth toucha son poignet, il se détendit sans raison apparente. Après tout, il devait payer sa dette pour ensuite retrouver son frère. Et il se doutait bien que Varsen utiliserait tous les moyens nécessaires pour le forcer à la tâche s'il essayait de s'y dérober. À première vue, il était bien capable de réussir. Il avait l'air d'être le genre d'homme qui parvenait à ses fins quoi qu'il en coûte.

Avec l'aide d'Elbereth, Elli monta à l'étage et ils tombèrent sur une chambre de taille dérisoire. Il y avait certes deux lits, mais l'espace manquait tellement que les deux lits devaient être collés l'un contre l'autre pour tenir dans la pièce. Les matelas couvrant la majorité du plancher, il y avait à peine assez de place pour circuler. Les draps par contre, avaient été changés. Ils n'étaient pas neufs, mais contrairement au reste de l'auberge ne sentaient pas la pisse et la sueur. Elli se cogna l'orteil en tentant de se déplacer et lança un juron digne de ce Varsen. Il n'était pas du tout comme lui, mais il avait de quoi tenir à distance toutes femmes qui viendraient à bout de le connaître un tant soit peu. Il avait abandonné son frère et ses parents avaient été tués à cause de lui. Il ne se le pardonnerait jamais.
Le jeune homme recommença à stresser de façon exagérée. Du moins son cœur battait si vite qu'il pensait qu'il allait exploser. Cette haine qu'il avait retenu tout à l'heure, remontait tranquillement en lui. Ce remède ne lui faisait vraiment pas.
-Si vous voulez être seule, je peux retourner auprès de Varsen. Ce lit ne me semble pas l'idéal pour nous deux...
S'il retournait voir cet homme, c'en était fini de leur accord. Elli avait très envie de lui casser le nez et pourtant, Varsen ne l'avait pas provoqué, du moins pas vraiment.

Elbereth tiqua un peu quand elle vit les deux lits collés. Ce n'était pas exactement cela qu'elle imaginait quand Roberta lui avait vendu la nuit.

Elli du le sentir car il proposa de lui-même de redescendre dormir près de Varsen. Une attention délicate qui détendit Elbereth. Elle sentait qu'elle pouvait lui faire confiance et décida de tenter le coup.

" Tu peux rester si ça ne te dérange pas de dormir habillé . Je t'avoue que je n'avais pas compris cela quand Roberta m'avait parlé de deux lits . "

Évidemment Elli ne refusa pas. Entre un bon lit près d'une jeune femme ou un canapé miteux avec Varsen, le choix était évident pour tout le monde ( sauf Roberta peut-être) .
Du coup, histoire de ne pas continuer cette conversation gênante, je me mise au lit toute habillée et Elli me rejoint sans tarder .
J'étais assez en confiance pour répéter le même geste que le reste de la soirée. Je lui pris le poignet pour pouvoir sentir le rythme de son cœur en espérant que le changement de lieu ne lui ferait pas mal interpréter mon geste et m'endormis vite, bercée au rythme des battements de cœur qui occupaient tout mon esprit .

Le matin ne se fit pas attendre très longtemps. J'étais courbaturé, mais la gueule de bois n'était pas trop intense. Rien de bien pire qu'à l'habitude. À peine avais-je ouvert les yeux qu'Elli et Elbereth se pointaient déjà la bout du nez. Roberta aussi fit son entré et nous offrit un peu de café qui était ma foi, dégueulasse. Je le bus tout de même d'une traite sans figurer aux autres à quel point il était infect.
-Aujourd'hui nous allons rencontrer un forgeron. Ça vous dit quelque chose Elli? Grâce à vous j'ai probablement perdu le meilleur candidat pour la commande que j'avais prévu de faire, dis-je avec un ton désagréable.
Je disais ça par pure vengeance pour la nuit qu'il avait passé à ma place. Le forgeron qu'il avait provoqué n'aurait jamais accepté les termes du contrat sans voir la couleur de l'argent en premier. J'avais trouvé beaucoup mieux. Je nous étais déniché un forgeron d'exception qui gâchait son talent en réparant des bêches et d'autres outils du genre. Lui ne nous coûterait pas cher. Je pourrais l'embrouiller avec des belles paroles et le payer avec des promesses.

Après avoir mangé un énorme petit-déjeuner sur le bras de la tenancière, nous quittâmes le gîte pour nous diriger non loin de là dans une petite forge qui croulait sous les incessantes commandes de paysans mécontents. Le maître des lieux se présenta avec une courtoisie qu'on ne connaissait pas des forgerons. Je pris mon air le plus humble en me présentant et tentai d'expliquer mon projet :
-J'aurais besoin de votre aide pour forger un masque. J'ai besoin qu'il soit fait du meilleur acier de Shamar et qu'il représente ceci.
Je tendis au forgeron un bout de papier chiffonné où était gribouillé un masque de Renard extrêmement mince avec quelques mesures et calculs. Sur le centre du masque, il y avait une petite fente pour le sertir d'une pierre précieuse. Ses compagnons ne devant pas comprendre, j'espérais que Sparda ne poserait pas trop de questions à ce sujet.
Quand vint finalement le temps de parler d'argent, je fis un demi sourire et répondis :
-Cette vie vous convient-elle messire? Vous arrivez à peine à subvenir à vos besoins et pourtant vous croulez sous le poids du travail. On m'a dérobé une partie de mon héritage qui m'a laissé sans le sous, mais je suis ici pour le récupérer. Et tout ceux qui me prêteront assistance deviendront aussi riche que moi au terme de cette entreprise. Je vous propose dans un premier temps de prendre tout le temps qu'il faut pour faire ce travail méticuleux que je vous demande. Si par la suite vous souhaitez nous accompagner, je vous jure que vous n'aurez plus besoin de travailler pour le restant de vos jours. Ou si vous le souhaitez, vous pourrez engager des ouvriers qui feront rouler votre commerce à votre place et travailler quand il vous plaira.

Elli resta finalement à dormir dans la petite chambre qui reflétait finalement très bien le reste de l'auberge. Bizarrement Elbereth lui prenait encore la main, ou plutôt le poignet, comme si elle avait besoin de réconfort. Elli se calma rapidement. C'était peut-être lui qu'elle cherchait à réconforter. Quoi qu'il en soit, dans ces conditions il s'endormit rapidement et dormit d'un sommeil tellement profond que ce dût être Elbereth qui le réveille. Le soleil se levait à l'horizon et elle ne voulait probablement pas leur attirer les foudres de leur nouveau patriarche. Quand il daigna ouvrir un oeil, Elli se rendit également compte qu'il prenait presque toute la place dans le lit, laissant un petit coin à son infirmière de fortune. Il se leva un peu gêné, mais n'osa pas sortir du lit immédiatement étant donné qu'il avait quelque chose à cacher. Même s'il était habillé, elle verrait tout de suite ce qu'il tentait de dissimuler s'il se levait maintenant. Il feinta se rendormir, mais se leva quelques minutes plus tard à cause de l'insistance de son interlocutrice.
-D'accord ça va, dit-il en lançant un oreiller en direction de la jeune femme avec un sourire mi-amusé.
Ils descendirent retrouver Varsen et burent un café infect. Le petit déjeuner quant à lui, était délicieux. Comment faisait Roberta pour être aussi hospitalière tout en ne l'étant pas du tout. Ils se rendirent ensuite à une forge qui ne semblait pas être très reconnue car très peu grande et comportant une façade extérieure peu reluisante. Elli attendit à l'extérieur avec Elbereth.
-''Qu'est-ce qu'il fout? Les forgerons ne sont pas réputés pour savoir où se cachent les trésors perdus et autres reliques importantes. On aurait pu dormir plus longtemps!''
Il avait encore mal à la tête. Cette naine avait un coup de massue très impressionnant pour une femme de son âge.

Sparda s'était réveillé tôt, comme à son habitude. Vêtu d'un pantalon du plus simple tissu, d'une chemise de paysan, et de son tablier en cuir pour travailler, il était paré a frapper l'acier. Déplaçant frénétiquement des morceaux de papiers empilés dans tout les sens sur son petit établi, il tentait dans faire le tri sans ses innombrables commandes de charrues et autre fers a cheval. Tout à coup, quelqu'un frappa a la porte. Il alla y répondre, et ne fut guerre étonné de recevoir, à nouveau, une commande. Sans particulièrement faire attention a la nature de ses nouveaux clients, il attrapa le bout de papier, sur lequel se trouvait le masque de renard.

Tellement intéressé par les proportion et la minutie que cela nécessitait, et contre toute forme de politesse, il ne prêta pas la moindre attention au discours de son client, qui semblait lui parler d'argent, d’héritage etc... Se caressant la barbe, il releva la tête vers ses clients, dont il pouvait presque voir le haut du crâne.

"Veuillez excuser mes rudes manières, je n'ai guère prêté attention à un fieffé mot de votre tirade! Je m'appelle Sparda, et j'accepte votre commande avec intérêt ! Elle ne devrait pas être trop longue à réaliser dans mon atelier, cependant vous avez oublié de préciser une chose importante : quel matériau voudriez-vous que je le façonne? Cette donnée me serait de la plus grande importance pour estimer le coût et la durée de mon travail."

Puis il replongea avidement dans le croquis, pensant déjà à quels outils il devrait faire appel pour la conception de cette curieuse commande.

Le début de matinée s'était bien passé . Elli n'avait pas trop galéré à se lever malgré le coup sur la tête puis la cocaïne. Étonnamment il n'avait même pas pensé à réclamer de drogue, comme si le manque avait oublié de venir faire son oeuvre .

Le petit déjeuner était encore plus copieux que le repas de la veille, mais aussi plus adapté à mes choix alimentaires à mon grand plaisir, une fois avalé Varsen ne tarda pas à nous amener chez un forgeron sans nous donner la moindre explication sur l’intérêt que cela pouvait avoir. Ne comprenant pas pourquoi il nous avait amené avec lui, je ne fis qu'une apparition dans la forge et décidai rapidement de les attendre à l'extérieur sur une petite place de village .

La nuit à l'intérieur m'avait suffi et je préférais observer les animaux et sentir le vent que de supporter le bruit et la chaleur de la forge où une jeune fille n'avait pas sa place .

La tête un peu dans les nuages, je crus apercevoir un renard  fouiller entre deux maisons...

Quel bougre cet homme! Avoir un allié aussi bâtit me permettrait peut-être d'en réchapper le moment venu. Je m'égarais un peu dans mes pensées qui concernaient d'ailleurs ce grand projet. Personne ne devait se douter de quoi que ce soit jusqu'au dernier moment. La question du matériel exigé revint rapidement. Il n'avait vraiment rien écouté de ce que je venais de lui dire, trop occupé à essayer de déchiffrer mon papier qui me semblait pourtant bien simple à comprendre.
-''Je veux l'acier le plus pur de Shamar, ou mieux, du continent. Il doit être extrêmement mince car le poids a une importance capitale. Si vous étiez capable de commander des minerais provenant de Minia, il paraît qu'ils possèdent les mines les plus riches de Ramandrek. Quoi qu'il en soit faites très attention car ce masque aura une très grande importance dans un futur proche.''
J'espérais ne pas m'être trompé sur son compte. S'il n'était pas à la hauteur, il me faudrait trouver des fonds supplémentaires pour faire faire le travail par des forgerons beaucoup plus coûteux. Il ne devait pas échouer.
-''Je compte sur votre discrétion mon cher ami. Un travail d'une telle qualité fera l'objet de beaucoup de convoitise et je ne voudrais pas me le faire dérober si tôt dans l'opération.''
J'attendis le verdict final et l'estimation de son prix. Avec un peu de chance, je pourrais retourner faire les poches de quelques clients de Roberta et cela suffirait à payer Sparda.

Comme Elbereth était partie de son côté, Elli en fit de même. Ses mains commençaient à trembler et un terrible mal de tête revint à la charge. Comme il se promenait entre les étals du marché, ses genoux flanchèrent et il tomba à quatre pattes. Des gens semblaient l'épier de manière méfiante, mais personne ne vint l'aider. Il s’agrippa au comptoir le plus près et eut toute la misère du monde à se relever. Il se traîna tant bien que mal jusqu'à une fontaine non loin de là et s'assit quelques minutes pour s'asperger le visage et reprendre ses esprits. Ses yeux se fermaient doucement puis il fut pris de convulsions. Comme la fontaine était un peu à l'écart, cela prendrait peut-être un certain temps à ses compagnons pour le retrouver.
Il fut pris de vomissements horribles puis retomba inconscient. Pourtant tout semblait bien aller jusqu'à son réveil le matin même. Il ne pensait pas être si mal en point. La naine y était vraiment allé fort avec son coup et maintenant il souffrirait peut-être de troubles liés à cette commotion cérébrale toute sa vie.